Reportage chez les Moso, l'une des dernières sociétés matrilinéaires
À l'ombre des contreforts de l'Himalaya, près du lac Lugu, à la frontière des provinces du Yunnan et du Sichuan, vit le peuple Moso. Une société matrilinéaire et matrilocale, l'une des dernières connues à ce jour. Les enfants sont rattachés au groupe parental maternel, qui les élève, leur transmet nom et traditions. Les femmes sont au centre de cette société complexe et ne quittent pas leur famille. Elles pratiquent une forme de « mariage libre » : les femmes choisissent leurs partenaires et en changent à leur guise.
Cette ancienne société aux valeurs si « modernes » est exigeante. Les touristes affluent pour les observer et les anthropologues pour les étudier, tandis que le gouvernement chinois les voit comme une communauté lucrative.
Au milieu de ces intérêts divers et omniprésents, il y a les femmes elles-mêmes. Sagaces et fortes, leur silence et leur dignité sont les armes qu'elles utilisent contre l'érosion culturelle à laquelle elles doivent faire face depuis la révolution communiste portée par l'Armée rouge en 1979. Mais ces vingt dernières années, la stabilité de la communauté s'est graduellement écroulée.