Photo : © Océan Films
Comment ressent-on la question de la surveillance d'une manière générale lorsqu'on exerce un métier où l'on est constamment scruté ?François Cluzet : À dire vrai, je ne m'occupe pas trop d'être scruté ; c'est le problème des spectateurs. Nous, les acteurs, on est des exhibitionnistes ; il faut qu'on se se méfie du narcissisme, de l'ego hypertrophié. Le rôle de l'interprète, c'est uniquement d'être vivant j'ai beaucoup réfléchi à cela parce que je suis passionné et que j'essaie de faire mon boulot le mieux possible. Alors, depuis très longtemps, je ne joue plus : j'essaie de vivre les situations sans ramener mon grain de sel.Bien sûr, elles sont vécues sur commandes, car reliées au script, mais finalement j'aime bien cette idée. Longtemps ça m'a fait peur, je pensais qu'il ne se passerait rien. Je me suis rendu compte que c'était le contraire. Je me sens proche de cet acteur américain à qui un metteur en scène avait demandé s'il pouvait jouer plus expressif, et qui avait répondu : « Non, mais toi tu peux rapprocher un peu plus ta caméra. » (rires)
à lire aussi"La Mécanique de l'ombre" : Affaires intérieures
Quelles sont les exigences d'un tel rôle ?Du travail en amont, pour comprendre tous les méandres par lesquels ce type passe. On a essayé de tourner dans la chronologie, mais c'était très important d'avoir cette montée chromatique de son anxiété. Pareil pour les contraintes : c'est un taiseux. Les choses ne passent pas par le dialogue, mais dans sa tête, il faut les penser très fort pour qu'elles soient lisibles dans les yeux.La peur, notamment, mais pas uniquement : tout son questionnement. Et puis il y avait les décors, lourds, qui me comprimaient c'est une situation très désagréable de se sentir comprimé. Plus on avançait dans le film, plus ils étaient noirs ; plus les optiques choisies m'enfermaient et je sentais l'étau se resserrer. Qu'il soit en harmonie ou en désaccord avec la situation, le décor est notre partenaire principal.
Vous vous abandonniez ?Au cinéma, on a tout intérêt à ramener le personnage à soi, pour arriver à une forme d'abandon : quand je tourne, je n'ai plus aucune volonté. Je l'ai eu pendant le travail en amont, mais quand on commence, la seule obsession, c'est de vivre la situation avec tout ce qui a été marqué dans mon mental et dont je ne me sers plus. Mon scénario de préparation est plein d'annotations pour me familiariser. Mais au tournage, je prends un scénario neuf et je ne m'occupe plus de mes notes.
La Mécanique de l'ombre
De Thomas Kruithof (Fr-Bel, 1h33) avec François Cluzet, Denis Podalydès...
De Thomas Kruithof (Fr-Bel, 1h33) avec François Cluzet, Denis Podalydès...
voir la fiche du filmDeux ans après un « burn-out », Duval est toujours au chômage. Contacté par un homme daffaire énigmatique, il se voit proposer un travail simple et bien rémunéré : retranscrire des écoutes téléphoniques. Aux abois financièrement, Duval accepte sans sinterroger sur la finalité de lorganisation qui lemploie. Précipité au cur dun complot politique, il doit affronter la mécanique brutale du monde souterrain des services secrets.
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PublicitéDrame | Adaptation dun roman de Philip Roth qui lui trottait depuis longtemps en tête, la tromperie de Desplechin est aussi un plaidoyer pro domo en faveur du droit de lartiste à transmuter la vérité de son entourage dans ses uvres. Quitte à confondre amours privées et fictions publiques.
Vincent Raymond | Mercredi 29décembre 2021
Fin des années 1980. Écrivain à succès américain provisoirement exilé à Londres, Philip accueille dans le petit appartement où il travaille sa jeune maîtresse anglaise. Entre deux galipettes, ils parlent, ou plutôt elle parle et il lécoute, prenant des notes comme il a lhabitude de le faire depuis toujours avec ses conquêtes. Le soir, il retrouve sa compagne officielle ou ses obligations mondaines, échangeant parfois avec ses anciennes liaisons, lesquelles ont toutes laissé une trace dans son uvre. Et vitupère à lenvi contre lantisémitisme systémique au Royaume-Uni Film verbal plus que verbeux, resserré autour dun couple (pas toujours le même, bien que lhomme demeure identique), Tromperie tranche dans la filmographie de Desplechin par sa relative linéarité puisquil accompagne un double processus : lédification dun amour et celui de luvre codépendante. Certes, Roubaix, une lumière (2019) présentait déjà une structure narrative plus disciplinée quà lordinaire chez le cinéaste, mais cétait surtout parce quelle sinscrivait dans un genre bien particu
Continuer à lireRentrée cinéma | Sauf impondérables ou nouveau variant touchons du bois les sorties devraient reprendre une cadence "à peu près" normale dans les salles. Petit tour dhorizon de ce qui nous attend dans les premiers mois de 2022
Vincent Raymond | Mardi 4janvier 2022
Vous leur échapperez difficilementLes films MCU ou DC ? Oui, mais pas que. Elsa Zylberstein, Gérard Depardieu, Alban Ivanov, Laetitia Dosch, Rebecca Marder ou Pio Marmaï seront chacun à laffiche dau moins trois ou quatre films ce premier semestre : entre lembouteillage de ceux non sortis en 2020 et 2021 et la boulimie de tournages de certains, on arrive à cette illusion de surprésence. Donc, pas de panique Vus et à voirUn monde de Laura Wandel (26 janvier) : un choc absolu. Interprété par deux enfants prodigieux de vérité, ce film portant sur la mécanique pernicieuse du harcèlement scolaire est une merveille de délicatesse et la future référence sur le sujet. Une jeune fille qui va bien,premier long-métrage réalisé par Sandrine Kiberlain (26 janvier), narrant le destin dune apprentie comédienne juive en 1942, avec en toile de fond lobscurcissement progressif de son présent et de son avenir. Sobre et subtil.
Continuer à lireLHomme de la cave | Décrivant la mécanique du complotisme et du harcèlement, le nouveau Philippe Le Guay éclaire le présent par le passé et met en lumière les penchants sinistres de lâme humaine. Conversation avec le cinéaste et ses interprètes, François Cluzet et Jérémie Renier.
Vincent Raymond | Mercredi 13octobre 2021
D’où vient cet “homme de la cave” ? Est-il une métaphore ?Philippe Le Guay : Absolument. C’est la conjonction de plusieurs choses. D’abord une histoire, et puis un thème autour d’une sorte de fléau contemporain qui est le complotisme — ces gens capables de dire inlassablement : « est-ce que la vérité est vraiment la vérité ? Il faut se méfier des vérités officielles, on va poser des questions… », non pas pour arriver à une vérité plus haute comme ça doit être le cas pour les savants et les historiens, mais pour brouiller la vérité. Enfin, avec le fait que le personnage de Françoise Cluzet est dans une cave, il y a quelque chose de beaucoup plus émotionnel, d’angoissant, qui se rattache à la grande tradition du thriller. Cette conjonction a été un détonateur.Un tel film, qui explore des zones sombres de la nature humaine comme les souterrains d&
Continuer à lireThriller | Un négationniste sinstalle dans la cave dune famille juive et lui pourrit la vie tout en faisant croire quelle le persécute. Aidé par un François Cluzet effrayant, Philippe Le Guay renoue avec lacuité mordante à laquelle il avait depuis longtemps renoncée dans cette illustration de la perverse religion du complotisme et de la manière dont ses apôtres fidélisent, en flattant leurs plus bas instincts ou les brossant dans le sens du poil, de nouveaux séides.
Vincent Raymond | Mercredi 13octobre 2021
Paris, de nos jours. Parce qu’il n’en a pas l’usage, Simon Sandberg vend la cave de l’appartement familial. Parce qu’il a confiance, il accepte l’offre de Jacques Fonzic, prof grisonnant et plaintif en quête d’un local pour entreposer les affaires de sa défunte mère. L’affaire conclue, Fonzic va habiter le réduit et révéler son vrai visage : celui d’un négationniste, instillant son venin partout dans l’immeuble et surtout dans la famille Sandberg, rescapée de la Shoah. L’enfer commence…N’était la traditionnelle mention figurant au générique indiquant que l’argument est tiré de faits réels, l’on pourrait croire à un conte philosophique tant il y a d’études de caractères, de portraits sociologiques, d’interprétations métaphoriques et/ou psychanalytique et de morales à tirer dans cette histoire. À bien des égards, elle est exemplaire : contemporaine et universelle, &eacut
Continuer à lireComédie | Thésarde légère et court vêtue, Anaïs est plus ou moins en couple avec Raoul. Mais voici quelle croise Daniel, un quinqua séduit par sa fraîcheur. Anaïs nest pas (...)
Vincent Raymond | Mercredi 15septembre 2021
Thésarde légère et court vêtue, Anaïs est plus ou moins en couple avec Raoul. Mais voici quelle croise Daniel, un quinqua séduit par sa fraîcheur. Anaïs nest pas indifférente à ses charmes, jusquà ce quelle découvre la compagne de Daniel, Émilie, une autrice qui va la fasciner Avec ce premier long-métrage, Charline Bourgeois-Tacquet signe une comédie sentimentale primesautière mais inégale, le revers de la médaille cousue main pour linterprète de son court Pauline asservie, Anaïs Demoustier. Celle-ci endosse avec naturel et piquant ce rôle homonyme de tête folle irrésolue, charmeuse et agaçante, hésitant entre deux hommes, une femme, sa thèse, et se promène de Paris à la Méditerranée ou la Bretagne (malgré ses soucis pécuniaires détudiante trentenaire ).Très Nouvelle Vague revue par Podalydès dans la forme et lesprit, Les Amours dAnaïs revisite certains motifs du cinéma-chambre-de-bonne (devenu appartement deux-p
Continuer à lireThriller | De petits arrangements avec la sécurité dans une influente usine vont empoisonner lenvironnement, les salariés et les relations familiale dune infirmière trop jeune et trop honnête. Après la belle histoire Good Luck Algeria, Farid Bentoumi monte dun cran avec cet éco-thriller tristement contemporain. Label Cannes 2020.
Vincent Raymond | Jeudi 15juillet 2021
Tout juste diplômée, Nour a été embauchée comme infirmière dans lusine où son père est syndicaliste. Très vite, elle découvre lexistence de graves pollutions boueuses affectant lenvironnement et les salariés, ainsi que de nombreuses complicités pour dissimuler ces empoisonnements Ironie tragique, le rouge du titre ne renvoie pas à la couleur du monde ouvrier, celui-ci ayant pactisé avec le patronat autour dintérêt communs ; en loccurence sur le dos du monde vert. Cest dailleurs lun des enjeux remarquables de ce film qui infléchit de manière pragmatique la démarcation entre les bons et les méchants. En vérité, on nest plus dans la dialectique ancienne parant mécaniquement le prolétaire de toutes les vertus et lemployeur des pires turpitudes : la loi du marché est passée par là. Et les compromissions clientélistes successives des élus comme des représentants syndicaux ont fait le reste. Le capitalisme ayant horreur du vide (comprenez : de ne pas avoir une classe à exploiter impunément) a donc jeté son dévolu surlenvironnement, au sens large.Alerte rouge
Continuer à lireEffacer lhistorique | Sortant en salle alors quils assurent chacun la demi-présidence du Festival dAngoulême « trop content parce quon adore la présidence et les demis » le neuvième long-métrage du duo Kervern & Delépine accueille une nouvelle convive, Blanche Gardin. Les trois ont la parole.
Vincent Raymond | Jeudi 27août 2020
Effacer lhistorique est-il un film intemporel ?Benoît Delépine : Jespère quil lest ! Il est contemporain dans le sens où l'on parle de choses qui arrivent en ce moment et qui seront bien pire plus tard.Quelle a été lidée première ?BD : On sétait juré il y a quinze ans dessayer de faire dix films ensemble et de commencer en Picardie pour finir à lîle Maurice. À chaque film, on essaie de placer lîle Maurice, à chaque fois ça a merdé, cest compliqué et là on en a fait dix si on compte le court-métrage avec Brigitte Fontaine. Il suffit quon trouve une idée à la con qui nous fasse rire pour quon reparte sur un nouveau projet ; on aura au moins réussi ça. Elle nous hantait lîle Maurice avec lhistoire du dodo Le jour où l'on sest rendu compte d'à quel point on se fait pigeonner par lensemble des GAFAM réunis, quon a appris que génétiquement cétait un cousin du pigeon moderne, cétait trop beau ! Il y a dix ans, on avait failli écrire un scénario avec Gérard Depardieu tout seul à lîle Maurice qui avait revendu sa société en France et qui se f
Continuer à lireComédie | Bienvenue dans un monde algorithmé où survivent à crédit des banlieusards monoparentaux et des amazones pas vraiment délivrées. Bienvenue face au miroir à peine déformé de notre société où il ne manque pas grand chose pour que ça pète. Peut-être Kervern & Delépine
Vincent Raymond | Jeudi 27août 2020
Un lotissement, trois voisins anciens Gilets jaunes, une somme de problèmes en lien avec lomniprésente et anonyme modernité dInternet. Au bout du rouleau, les trois bras cassés unissent leurs forces dans lespoir de remettre leur compteur numérique à zéro. Faut pas rêver !Lévaporation de lhumain et sa sujétion aux machines Ce que la science-fiction, lhorreur ou le techno-thriller avaient déjà traité, est désormais une pièce jouée dans vie quotidienne de chacun. Une histoire à la Ionesco ou à la Beckett dont Effacer lhistorique pourrait constituer unemanière dadaptation. Est-ce la présence de Blanche Gardin et de Denis Podalydès qui confère un cachet de théâtralité à ce film ? Il ne se démarque pourtant guère des autres réalisations du duo grolandais, suivant une mécanique de film à saynètes ou à tableaux (plus quà sketches) déclinant ce thème confinant à celui lultra-solitude contemporaine. Et dé
Continuer à lireDrame | Au quotidien, Anna est lincertitude faite femme. Mais tous au Conservatoire reconnaissent sa rigueur de professeure de violon. Alors, lorsquelle repère Alexander en audition, on lui laisse carte blanche. Se doute-elle que le préparer aux concours va chambouler jusquà sa vie familiale ?
Vincent Raymond | Mardi 5novembre 2019
En apparence cousu de fil blanc ou plutôt de ce noir épais tissant létoffe des drames , ce portrait dune femme entre deux âges, entre deux hommes, entre deux vies et finalement entre deux enfants, captive par son habileté à déjouer les clichés. Ina Weisse ne sabandonne jamais à la facilité, ni à une démonstrativité superflue : il suffit de quelques plans, dune poignées de mots et de regards pour mesurer les relations troubles entre Anna et son père et comprendre lorigine probable de son exigence disproportionnée comme de son instabilité.Mais LAudition est aussi un film sur le désir artistique maladif et la jalousie : accordant une attention toute maternelle à Alexander avant dêtre obsessionnelle , Anna en néglige son propre fils Jonas, violoniste lui aussi. Un fils auquel, de surcroît, elle nenseigne pas son art. La tension psychologique qui sensuit provoque des déflagrations inattendues, et une tragédie dont la morale perverse et pour le coup, peu morale, plairait certainement à Haneke ! Sans doute le rôle le plus troublant de Nina Hoss, et la confirmation que les maîtres(ses) de musique sont décidément des i
Continuer à lireAnimation | De Zabou Breitman & Eléa Gobbé-Mévellec (Fr, 1h33) avec les voix de Simon Abkarian, Zita Hanrot, Swan Arlaud
Vincent Raymond | Mardi 3septembre 2019
Dans lAfghanistan asservi par les Taliban, le jeune couple formé par Mohsen et Zunaira tente de résister à la terreur quotidienne. Mais lors dune dispute, la belle Zunaira tue par accident son amant. Elle est aussitôt incarcérée sous la garde du vieux Atiq, en attendant dêtre exécutée À linstar de Parvana, autre film danimation renvoyant à lAfghanistan des années de fer et de sang hélas pas si lointaines cette transposition du roman de Yasmina Khadra raconte plusieurs mises à mort, symboliques et réelles, consécutives à la prise du pouvoir par les Taliban et à leur doctrine fondamentaliste. Certes, les autrices Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec prennent quelques libertés avec le texte initial pour sauver un personnage, en lui octroyant ici des scrupules quil na pas à lorigine, mais elles ne dévoient pas globalement le sens de ce conte moral au finale aussi mar
Continuer à lireComédie dramatique | De Guillaume Canet (Fr, 2h15) avec François Cluzet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche
Vincent Raymond | Mardi 30avril 2019
Dix ans après lété maudit qui vit périr lun des leurs, le groupe damis du Cap Ferret sest disloqué. Sous limpulsion dÉric, ils se retrouvent tous pour célébrer les 60 ans de Max. Or celui-ci, sur le point de vendre sa maison, goûte guère la surprise On prend les mêmes et on continue en suivant la recette : faire fermenter dans une résidence de nabab émirati ou de milliardaire texan un groupe damis aux égos hypertrophiés se mesurant la longueur du portefeuille pour savoir qui sera le nouveau mâle alpha de la bande. Fatalement, il faut sattendre à du combat de coqs. Quand ils en ont le temps, certains et certaines de ces quadra adulescents pensent (un peu) aux autres. Pas forcément à leurs enfants ces boulets darrière-plan décoratif conservés en cas de nécessité dramatique ; plutôt à la planète le temps dun couplet fédérateur dans lair du temps. Ces personnages seraient faits pour être raillés, on souscrirait volontiers. Mais non : il faut les aimer pour leurs blessures, conséquences de leur égoïsme et de leur arrogance aveugle.Des liens profonds unissant Canet
Continuer à lireECRANS | Pour raconter ses jeunes années entre Rennes et Paris, quand le sida faisait rage, Christophe Honoré use de la fiction. Et les spectateurs, avec un pensum dépourvu de cette grâce parfois maladroite qui faisait le charme de ses comédies musicales. En compétition Cannes 2018.
Vincent Raymond | Lundi 14mai 2018
Paris, 1993. Écrivain dans la radieuse trentaine, célibataire avec un enfant, Jacques a connu beaucoup de garçons. Mais de ses relations passées, il a contracté le virus du sida. Lors dune visite à Rennes, il fait la connaissance dArthur, un jeune étudiant à son goût. Et cest réciproque Il faudrait être dune formidable mauvaise foi pour taxer Christophe Honoré dopportunisme parce quil situe son nouveau film dans les années 1990 à Paris ces années de lhécatombe pour la communauté homosexuelle, ravagée par le sida , quelques mois après le triomphe de 120 battements par minute. Car Plaire, aimer et courir vite sinscrit dans la cohérence de sa filmographie, dans le sillage de Non, ma fille tu niras pas danser (2009) pour linspiration bretonne et autobiographique et des Chansons damour (2007) ou dHomme au bain (2010) pour la représentation détreintes masculines.Lego lasse
Continuer à lirePacifiste | de Jean Becker (Fr, 1h23) avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck
Vincent Raymond | Mardi 27mars 2018
1919. Lofficier Lantier doit instruire le dossier de Morlac, un héros de guerre accusé dun mystérieux crime contre la Nation. Pendant quun chien aboie sans cesse hors de la caserne où le prévenu est retenu, Lantier cherche à comprendre et, pourquoi pas, à obtenir son élargissement De Jean Becker, on espère encore la sécheresse et la sensualité dun Été meurtrier ; hélas, depuis Les Enfants du marais, il semble préférer les crépuscules du passé ou dun présent vitrifié. Parfois, cela donne des moments de grâce (le tendre La Tête en friche) ; parfois de fausses bonnes idées. Tel ce film-dossier montant tout une mayonnaise autour dun acte que des yeux contemporains jugeront insignifiant de banalité. Car jamais il ne leur est permis dépouser le regard de lépoque, ni de sinstaller dans la mentalité dalors.Lemboîtement des récits, la romance et la politique se marchent sur les pieds au point de se faire trébucher ; quant aux personnages, il nont pas le temps dêtre incarnés dans leurs profondeurs
Continuer à lireAnimation | de 13 réalisateurs (Fr, 0h42) animation avec les voix de Isabelle Carré, Denis Podalydès, Christian Pfohl
Vincent Raymond | Mardi 6mars 2018
Ils sont 13 jeunes cinéastes achevant leur formation dans les plus prestigieuses écoles danimation, et toutes et tous ont planché sur quelques vers de Paul Éluard (1895-1952), livrant leur vision originale de son univers poétique. En tout liberté, bien entendu.Sinscrivant dans la suite des programmes de courts-métrages dédiés à Prévert et Apollinaire, ce nouveau florilège de la série En sortant de lécole met en lumière luvre dun apparenté surréaliste dont la notoriété est souvent, hélas, réduite au seul et incontournable Liberté Sa délicatesse, en amour comme en fantaisie, savère un combustible merveilleux pour de jeunes illustrateurs dont linspiration carbure à léclectisme. Et si le tableau final tient du coq-à-lâne stylistique, des grandes lignes thématiques sy répondent comme ce sentiment indicible quest lattachement (moins grandiloquent que la passion et plus profond) ou la fascination pour la mer. On notera également quelques stupéfiantes réussites graphiques, tels Poisson de A
Continuer à lireComédie mal fagotée| de Philippe Le Guay (Fr, 1h45) avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison
Vincent Raymond | Mardi 9janvier 2018
Pour attirer lattention du monde entier sur sa commune où les éleveurs et paysans nen finissent plus de crever à petit feu, le maire Balbuzard accepte la proposition dun artiste américain souhaitant photographier ses concitoyens nus dans un champ. Il lui reste juste à les convaincre Transposer la démarche de Spencer Tunick sur une communauté en pleine lutte sociale, voilà quiaurait pu faire un bon Ken Loach. Sauf que cest un Le Guay. Et que le cinéaste français a des ambitions de téléfilm, préférant à une comédie à enjeu dramatique des plans brumeux bucoliques, une surabondance de protagonistes vêtus de chemises à carreaux et des sous-intrigues de clocher éculées. Certes, pour la caution sociale, il glisse bien de-ci de-là une allusion aux cours de la viande, à la concurrence germano-roumaine, aux grandes surfaces, à lusage des produits phytosanitaires, mais cela pue lalibi comme une fosse à purin.Le Guay semble avoir en outre la même vision étriquée de la campagne que le personnage du néo-rural un pubard parisien, interprété par Demaison
Continuer à lireECRANS | de Olivier Ayache-Vidal (Fr, 1h46) avec Denis Podalydès, Léa Drucker, Zineb Triki
Vincent Raymond | Mardi 12septembre 2017
Un agrégé de lettres sentencieux exerçant dans un lycée prestigieux se trouve victime de sa forfanterie et muté pour un an dans un collège difficile de banlieue. Arrivant coincé comme un chien dans un jeu de quilles, il fera lunanimité en juin auprès de ses collègues et ouailles [bâille]Remix entre Le plus beau métier du monde, LÉcole pour tous et Entre les murs, ce premier longmétrage dOlivier Ayache-Vidal ne peut décemment pas revendiquer loriginalité ; aimable, il reste bien naïf dans sa vision des choses : dans la vraie vie, ça finit rarement aussi bien.Reposant grandement sur laptitude naturelle de Denis Podalydès à porter du velours côtelé et à citer des grands textes (bien sûr, Luchini aussi aurait pu convenir, mais il devait avoir conseil de classe), cette comédie qui prétend se jouer des présupposés aligne les clichés comme un cancre des bulles. Vision rousseauiste des élèves, atténuation de la réalité, sauvetages-miracles, il ny a guère que lévocation des filandreuses procédures internes qui soit drôl
Continuer à lireECRANS | de Thomas Kruithof (Fr-Bel, 1h33) avec François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila
Vincent Raymond | Mardi 10janvier 2017
Solitaire, chômeur et buveur repenti, un comptable est recruté par un discret commanditaire pour retranscrire à la machine à écrire des écoutes téléphoniques enregistrées sur cassettes magnétiques. Sans le savoir, il va pénétrer dans les sordides coulisses de lappareil dÉtat Un thriller politique sinscrivant dans le contexte de ces officines supposées gripper ou fluidifier les rouages de notre république, bénéficie forcément dun regard bienveillant. Pas parce quil alimente la machine à fantasmes des complotistes fonctionnant sans adjonction de carburant extérieur mais parce quelles recèlent autant de mystères et dinterdits que les antichambresdu pouvoir américaines, si largement rebattues.Comme un creuset où se fonderaient entre elles les affaires Rondot, Squarcini, Snowden et Takieddine, cette première réalisation de Thomas Kruithof est à la fois très concrète et pétrie de symboles (tel celui du puzzle, lobjet fétiche du héros ; une structure complexe rendue inopérante dès lors que la plus misérable pièce fait défaut). Esthétiquement composé en Scope, ce film à la lisière de lenquête intérieure et de lactualité rappelle aut
Continuer à lireECRANS | de Farid Bentoumi (Fr, 1h30) avec Sami Bouajila, Franck Gastambide, Chiara Mastroianni
Vincent Raymond | Mardi 29mars 2016
Aux origines, une belle histoire qui donne naissance à un film joliment ourlé. Pas si fréquent sous nos latitudes, alors qu'Hollywood est coutumier de ces contes exaltant le dépassement de soi, forgés à partir dun exploit individuel accompli dans un cadre absurde.Comparable au mémorable Rasta Rocket (1994) et voisin de Eddie the Eagle (narrant le parcours du premier sauteur à ski olympique britannique, en avril sur les écrans), Good Luck Algeria sinspire des rocambolesques péripéties du frère du réalisateur, un Rhônalpin désireux de concourir pour les JO et promené par les responsables de la fédération algérienne de ski, moins intéressés par lathlète que par laubaine dune subvention à détourner des notables ici moqués avec causticité.À partir de lanecdote familiale, Farid Bentoumi tisse un scénario plus complexe, où le résultat devient annexe, le défi seul étant prétexte à une redécouverte par le héros, Sam, de ses origines doubles ainsi quà une mise à plat des rapports entre lui, son père et ses oncles restés au bled. Si pour la course Sam affiche son attachement au drapeau paternel (ses racines retro
Continuer à lireECRANS | Porté par le succès dHippocrate, chronique du monde impitoyable des carabins et des mandarins, le Dr Lilti renouvelle son ordonnance dans lunivers des blouses blanches en se focalisant sur un malade très singulier, puisquil prend soin des autres.
Vincent Raymond | Mardi 22mars 2016
Pour ouvrir Le Samouraï (1967), Melville avait choisi une citation prétendument extraite du bushido : « Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï. Si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle Peut-être » Toutes proportions gardées, cette sentence pourrait sappliquer au personnage de Jean-Pierre, ici incarné par François Cluzet. Taiseux, déterminé, porté par un sens de sa mission confinant à lapostolat (et longeant les lisières de la fierté orgueilleuse), le médecin de campagne, sil est lultime avatar du sorcier ou druide au sein de sa communauté, tient aussi du rōnin : un fauve inflexible prêt à lutter et de préférence sans secours jusquau terme de ses forces.Thomas Lilti ne va pas jusquà transformer son portrait de toubib en ferraillerie le scalpel ou labaisse-langue se substituant au katana. Il dépeint bien, en revanche, lobstination dun homme dans toutes ses nuances : en proie à des combats stériles et vains (son refus initial de se soigner), préservant à tout crin le droit de ses ouailles à bénéficier de traitements adaptés, même sils sécartent des pratiques orthodoxes. Lon pourrait aussi parler du
Continuer à lireECRANS | de et avec Thierry Sebban (Fr, 1h14) avec Perrine Tourneux, Igor Skreblin, Simon Abkarian
Vincent Raymond | Mardi 8mars 2016
Par quels mystères un tel polar borgne a-t-il pu jouir du soutien des producteurs Thomas Langmann (The Artist) et Gilles Podesta (Le Magasin des suicides) ? Largument décati de ce court-métrage gonflé en long les a-t-il convaincus ? Espéraient-ils récolter du buzz sur la séquence de charcutage de lobe doreille à la disqueuse du comédien-réalisateur (aux tendances masochistes), entre autres joyeusetés gore, ou grâce aux chaloupements suggestifs de la sensuelle Perrine Tourneux ? Sils ont cru à lalibi dune dénonciation du voyeurisme et/ou des Internets (argument passe-partout bien commode), dommage pour eux. VR
Continuer à lireSCENES | Dans une extension du grandiose "Clôture de l'amour", l'auteur et metteur en scène Pascal Rambert disserte sur les rapports humains et le théâtre. Mais ses quatre stars, pourtant au meilleur de leur forme, ne parviennent à empêcher ce spectacle, pertinent autant quabscons, de patiner dans la prétention. Nadja Pobel
Nadja Pobel | Mardi 27janvier 2015
Elle attaque, elle mord. Audrey balance ses sentences brute de décoffrage contre Denis, qui a regardé un peu trop tendrement Emmanuelle. Presque terroriste, la déflagration dure pas moins de 45 minutes. Scandant sa colère d'adverbes («oui parfaitement, très clairement»), elle demande si l'on peut «décrire ce qui a eu lieu.» Puis extrapole : «est-ce qu'on peut décrire le monde ? Est-ce que le langage est la description du monde ?». Car s'entremêlent ici, dans un gymnase dédié à une répétition de théâtre, le travail sur une pièce (sur la vie de Staline) et les rapports intimes des quatres personnes, amis, amants ou ex, qui la montent.Avec Clôture de l'amour, où déjà Aurdey Bonnet et Stanislas Nordey s'entredéchiraient,Pascal Rambert avait produit un chef-d'oeuvre. Il reprend avec Répétition le même dispositif d'un théâtre où le dialogue est une addition de longs monologues et où les personnages fictionnels se confon
Continuer à lireECRANS | Fatih Akin passe à côté de son évocation du génocide arménien, transformée en mélodrame académique sans souffle ni ampleur, comme si le cinéaste avait été paralysé par lenjeu.Christophe Chabert
Christophe Chabert | Mardi 13janvier 2015
Devant les premières séquences de The Cut, avec sa reconstitution si proprette quelle paraît totalement factice et ses images désespérément mièvres de bonheur familial édifiant avec un Tahar Rahim peu crédible en forgeron arménien murmurant des paroles sucrées à sa femme et ses filles, on se pince un peu. Est-ce bien Fatih Akin, le cinéaste rocknroll de Head on ou celui, à lhumanisme rugueux de De lautre côté, derrière la caméra ? Cette introduction semble au contraire singer un cinéma hollywoodien impersonnel qui semparerait dun grand sujet : le calvaire de Nazareth qui, en 1915, va vivre le génocide organisé par les Turcs contre les Arméniens. Séparé de sa famille, condamné avec dautres camarades dinfortune à des travaux forcés pour construire une route, il assiste, impuissant, à leur massacre et sera le seul rescapé de cette tuerie.Les images ont beau chercher à tout prix à glacer le sang du spectateur, quelque chose ne prend pas, une ét
Continuer à lireSCENES | Dune nouvelle de Tchekhov qui se lit en une quinzaine de minutes, Denis Podalydès fait une pièce dune heure. Bien sûr, ce résumé chiffré est fort malhonnête, (...)
Nadja Pobel | Mardi 6janvier 2015
Dune nouvelle de Tchekhov qui se lit en une quinzaine de minutes, Denis Podalydès fait une pièce dune heure. Bien sûr, ce résumé chiffré est fort malhonnête, Les Méfaits du tabac relatant une conférence d'un certain Nioukhine qui, selon les vux de sa femme, vient tenter dexpliquer en quoi la cigarette est nocive dans un cercle de province, ici une école de musique.De quoi justifier la présence de Floriane Bonanni (violon), Muriel Ferraro (soprano) et Emmanuelle Swiercz (piano), toutes drapées de robes inutilement signées ou plutôt ciglées, tels des placements de produit Christian Lacroix. Assez rapidement, la musique baroque prend même toute la place, le comédien nayant quune portion congrue à jouer. A la place, il erre, et cest en partie ce que Tchekhov a écrit : lhistoire dun vieux monsieur qui se demande lui-même ce quil fait là et digresse sur ses états d'âme.Coup de chance, le comédien en question est Michel Robin, 84 ans, qui fort de son incroyable expérience tient parfaitement son rôle. Ancien pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française, il a joué sous la direction des plus grands, dont Alain Françon dans La Cerisaie
Continuer à lireECRANS | De Pascal Rabaté (Fr, 1h30) avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Daniel Prévost
Christophe Chabert | Mardi 8juillet 2014
Il aura fallu trois films pour que lauteur de BD Pascal Rabaté réussisse sa mue de cinéaste, cest-à-dire quil sorte dun cinéma de la vignette pour développer une réelle dynamique de mise en scène où linvention graphique se met au service de son récit et de ses personnages. Ce qui, dans Les Petits ruisseaux et Ni à vendre, ni à louer, semblait figé et nostalgique, devient dans Du goudron et des plumes vivant et très actuel. Christian, commercial divorcé aux combines peu reluisantes, perd son boulot et lestime de sa fille, mais gagne le cur dune jeune femme, elle aussi mère célibataire. Ne reste plus quà accomplir lexploit qui va le faire sortir de son rôle de gentil poissard : ce sera le Triathlon de lété, sorte de mini-Intervilles local télédiffusé, compétition dans laquelle il va sinvestir corps et âme.Rabaté en fait une sorte danti-héros français d'aujourd'hui, métissé et râleur, qui se fond dans le décor intemporel dun Montauban fait de pavillons anonymes, de ronds-points, de boîtes de nuit tristes et de s
Continuer à lireECRANS | De Christophe Offenstein (Fr, 1h36) avec François Cluzet, Samy Seghir, Guillaume Canet
Christophe Chabert | Mercredi 30octobre 2013
Yann Kermadec, marin chevronné, remplace au pied levé son frère qui sest cassé une jambe pour participer au Vendée Globe. À peine parti, il découvre un clandestin dans la soute, se retrouvant malgré lui en infraction avec le règlement de cette course «en solitaire».Si on enlève le défi du tournage dans les conditions réelles de la navigation, ce premier film du chef opérateur de Guillaume Canet est un naufrage intégral. Le récit prend leau de partout, noyé par une avalanche de bons sentiments, sur le bateau comme sur la terre ferme, ce quune musique de supermarché vient souligner jusquà loverdose.Surtout, le film ne prend le temps de rien, ni de filmer le professionnalisme du marin, ni de montrer les liens affectifs qui se nouent entre les personnages. Cest une bouillie télévisuelle écrite par des disciples de Robert MacKee qui créent des conflits artificiels et les résolvent en deux secondes les rapports entre la fille de Cluzet et sa belle-mère jouée par Virginie Efira atteignent ainsi des sommets de niaiserie. Heureusement que le film sort un mois avant
Continuer à lireECRANS | Yvan Attal sempare dune commande faire le remake de «Humpday» et la transforme en exercice de style fondé sur le plaisir du jeu et la sophistication de la mise en scène, prenant le risque dintensifier la vacuité de son matériau.Christophe Chabert
Christophe Chabert | Lundi 1octobre 2012
Yvan Attal ne sen est jamais caché : Do not disturb est avant tout une commande venue de son producteur, qui avait acheté les droits dune comédie indé américaine de Lynn Sheldon, Humpday. Où il était question de deux vieux potes qui, par défi, décident de participer à un festival de porno amateur en tournant un film où ces deux hétéros convaincus se mettraient en scène en plein ébat homosexuel.Après Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup denfants, tous deux marqués par les questions existentielles, sentimentales et professionnelles de leur auteur, voilà donc Attal face à un matériau impersonnel au sens strict. Sa stratégie, évidente, consiste alors à y instiller du plaisir pur. Dabord celui du jeu : son tandem avec François Cluzet est le vrai moteur de la comédie, lui en bourgeois bohème dont la vie affective est sur des rails trop huilés, Cluzet en aventurier de pacotille dissimulant derrière son chapeau de paille et sa barbe mal taillée sa nature profonde de glandeur velléitaire. Do not disturb aurait pu se contenter de mettre en scène de manière théâtrale cette joyeuse rencont
Continuer à lireECRANS | De Carine Tardieu (Fr, 1h29) avec Agnès Jaoui, Denis Podalydès, Isabelle Carré
Christophe Chabert | Vendredi 13juillet 2012
Depuis ses courts-métrages, Carine Tardieu sapplique à regarder le monde avec les yeux des enfants, en général confrontés à des drames qui bouleversent leur naïveté. Avec Du vent dans mes mollets, laffaire vire au procédé, et on ne voit plus que les gimmicks et les formules à lécran. Le ripolinage général, la brocante vintage 80 qui sert de direction artistique ou le jeu sur les différents régimes dimage, tout cela distrait sans cesse de lhistoire racontée, il est vrai pas palpitante en soi. Non seulement le film est surproduit, mais il est aussi surécrit, de la voix-off singe savant de sa jeune héroïne au jeu lassant sur les dialogues en franglais entre les parents Jaoui et Podalydès, ou encore une galerie de seconds rôles stéréotypés à souhait. Même quand le film aborde des rivages plus troubles, notamment sexuels, il savère dun grand puritanisme, sur la forme comme sur le fond. Et en devient, du coup, assez irritant.Christophe Chabert
Continuer à lireECRANS | De et avec Bruno Podalydès (Fr, 1h40) avec Denis Podalydès, Isabelle Candelier, Valérie Lemercier
Christophe Chabert | Jeudi 14juin 2012
Berthe est morte, mémé nest plus. Cest ce quapprend Armand Lebrec (Denis Podalydès), la tête dans une boîte transpercée de sabres factices. Son affliction à lannonce du décès est, elle aussi, purement factice : cette grand-mère était si discrète que tout le monde lavait oubliée dans la famille (son père en particulier, atteint dune forme de démence burlesque ; un numéro aussi bref que grandiose pour Pierre Arditi). De toute façon, Armand a dautres chats à fouetter : une femme quil tente vainement de quitter, une autre avec qui il essaie de trouver un modus vivendi, une pharmacie appartenant à une belle-mère intrusive Après linégal Bancs publics, Bruno Podalydès revient à des territoires plus familiers de son cinéma : la comédie de lindécision sentimentale, sur un mode plus grave et plus mature, âge des protagonistes oblige. La première moitié est effectivement hilarante, notamment la peinture de pompes funèbres délirantes, lune tenue par une sorte de gourou new age (Michel Vuillermoz, génial), lautre par un tax
Continuer à lireECRANS | De et avec Emmanuel Mouret (Fr, 1h25) avec François Cluzet, Frédérique Bel, Judith Godrèche
Christophe Chabert | Mercredi 16novembre 2011
Critique / Depuis Changement dadresse, le cinéma dEmmanuel Mouret tournait en rond dans ses ratiocinations amoureuses et son envie de fantaisie, déclinant le personnage campé par Mouret acteur et sa sympathique gaucherie dans des situations timidement burlesques. LArt daimer lui donne enfin un nouvel horizon, tout en renforçant la petite musique qui lui sert de style. Dans cette ronde de personnages qui éprouvent, chacun à leur manière, le décalage entre suivre leurs désirs et prendre en compte le désir des autres, il place dès louverture une pincée de tristesse qui, paradoxalement, ne rendra que plus drôle les segments suivants. La colonne vertébrale, par exemple, où un François Cluzet magistral tente de séduire une Frédérique Bel hilarante dans ses perpétuelles valses-hésitations, va à lessentiel (un appartement, deux acteurs) mais pousse la folie de la situation jusquau vertige. Par instants, Mouret sapproche dun vrai trouble des sentiments, comme lors de ce double adultère voulu mais avorté qui devient une preuve damour, ou dans le marivaudage sexuel à laveugle qui se développe entre Julie Depardieu et Laurent Stocker. Précis autant que précieux,
Continuer à lireECRANS | Raconter lamitié entre un ancien homme daffaires, tétraplégique après un accident de parapente, et un gaillard de banlieue tout juste sorti de prison, en (...)
Dorotée Aznar | Mardi 25octobre 2011
Raconter lamitié entre un ancien homme daffaires, tétraplégique après un accident de parapente, et un gaillard de banlieue tout juste sorti de prison, en voilà du sujet casse-gueule. Mais Olivier Nakache et Eric Toledano ont su slalomer entre les écueils et si leur film savère émouvant, cest aussi parce que lémotion ne surgit jamais là où on lattend. On aurait pu se retrouver avec une double dose dapitoiement (sur les handicapés et sur les déclassés), mais les deux sannulent et le film raconte la quête dune juste distance entre ce qui nous contraint (son corps ou ses origines) et ce que lon aspire à être.Cest en refusant la compassion facile que le film trouve son ton, parfois au prix dun effort un peu mécanique pour ménager lhumour et la mélancolie, mais en sappuyant sans arrêt sur son atout principal : un couple de comédiens qui, comme les personnages quils interprètent, ne semblaient faits ni pour se rencontrer, ni pour se compléter à lécran. Rivé à son fauteuil, Cluzet doit réfréner son tempérament explosif et physique, tandis quOmar Sy, assez bluffant, troque en cours de route sa nonchalance sympathique pour une gravité et une précision quon ne lu
Continuer à lireECRANS | De Roschdy Zem (Fr, 1h25) avec Sami Bouajila, Denis Podalydès
Christophe Chabert | Mardi 14juin 2011
Projet porté par Rachid Bouchareb qui en a finalement confié la réalisation à Roschdy Zem, Omar ma tuer conserve toutefois la marque du cinéaste de Hors la loi. Ennemi de la dialectique et partisan dun cinéma à thèse dont le but est davoir un écho sur les bancs de lassemblée, Bouchareb traite laffaire Omar Radad selon deux points de vue qui enfoncent le même clou : lenquête menée par Jean-Marie Rouard (dont le nom a mystérieusement été changé dans le film) pour disculper Omar, et la reconstitution des mois qui suivirent larrestation du jardinier accusé dhomicide. Dans les deux cas, aucune ambiguïté : Radad est un coupable fabriqué par la justice et la police (on ne voit rien à lécran de cette mécanique-là, et on le regrette), un brave type pris dans une machination dont le film se garde bien de révéler les commanditaires. Au-delà de ce parti-pris discutable, Omar ma tuer frappe par son manque de souffle, ses fausses bonnes idées (la narration alternée est laborieuse) et la prestation gênante de Sami Bouajila, acteur lettré qui fait ici de visibles efforts pour baragouiner un français approximatif. La faiblesse de la mise en scène fait que lu
Continuer à lireECRANS | De Pierre Salvadori (Fr, 1h45) avec Audrey Tautou, Sami Bouajila, Nathalie Baye
Christophe Chabert | Mercredi 1décembre 2010
Quand un cinéaste quon aime rate un film, cela ne remet pas en cause lestime quon peut avoir pour son travail. Cest le cas de Salvadori avec "De vrais mensonges", où lon retrouve ce quon apprécie dordinaire chez lui une écriture rigoureuse et un regard doux-amer sur des personnages à côté de leurs pompes mais comme joué par un orchestre aux instruments déréglés. La théâtralité des situations et des dialogues nest assumée quà moitié (par exemple, le choix de décors naturels renvoie à un réalisme hors sujet), lhumour ne fonctionne jamais et le film est plombé par un cruel manque de rythme mal camouflé par un montage hystérique. Quant aux acteurs, si Nathalie Baye est à laise en mère déprimée virant femme cougar, Bouajila adopte dincompréhensibles airs de tragédien et Tautou se perd dans des mimiques qui enlèvent toute spontanéité et tout naturel à son jeu. Un coup dépée dans leau, surtout après lexcellent "Hors de prix". CC
Continuer à lireECRANS | De Guillaume Canet (France, 2h34) avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel
Dorotée Aznar | Jeudi 14octobre 2010
Quels meilleurs qualificatifs que gentil et inoffensif pour définir Guillaume Canet ? Naïf ? Fade ? Nul ? On est méchant ? Cest vrai, mais il le faut. Car sil manquait une preuve à ses admirateurs après le surestimé et invraisemblablement récompensé Ne le dis à personne, Les Petits Mouchoirs devrait mettre tout le monde daccord. Inspiré par un florilège bâtard de références où se croisent pêle-mêle Jean-Marie Poiret, Yves Robert, Claude Sautet, Lawrence Kasdan et Cassavetes (sic), Canet soffre un film de potes, avec ses potes (Cluzet, Lellouche, Dujardin etc.), pour la bagatelle de 25 millions deuros. Un peu cher pour un projet dont lambition se résume, grosso modo, à filmer les tracas existentiels et sentimentaux de petits-bourgeois en vacances. Rien ne fonctionne dans ce grand film personnel sur la vie et l'amour selon Saint-Guillaume : le scénario sacharne à combler du vide et tresser laborieusement des enjeux ; la mise en scène est molle et insignifiante ; le casting en pilotage automatique ; les personnages aussi passionnants à regarder quun poster de lUMP la palme à Marion Cotillard en anthropologue bisexuelle fumeuse de joints. Lenvi
Continuer à lireECRANS | De Rachid Bouchareb (Fr-Alg, 2h18) avec Roschdy Zem, Djamel Debbouze, Sami Bouajila
Christophe Chabert | Mardi 14septembre 2010
Hors-la-loi cherche, à la manière d"Il était une fois en Amérique" de Sergio Leone ou de "LArmée des ombres" de Melville, à raconter la naissance du FLN à travers le parcours de trois enfants ayant connu le massacre de Sétif le 8 mai 1845. Bouchareb, qui avait réussi à marier épique et grand sujet dans "Indigènes", narrive ici quà un résultat péniblement académique. Les personnages nont aucune liberté, pieds et poings liés au discours du film ; quand ils ouvrent la bouche, cest pour faire une grande phrase sentencieuse. Et encore, les hommes ont le droit de louvrir, car les femmes, elles, sont réduites à un silence assourdissant La reconstitution est tout aussi empesée, entre costumes sentant encore le loueur et bidonvilles géants survolés avec une overdose de plans à la grue. Même la musique nest quun plagiat ridicule de celle de "Dark Knight". Les acteurs sexpriment avec des accents arabes qui sonnent faux, les scènes daction sont illisibles, les rebondissements téléphonés et lensemble tire vers un manichéisme assez choquant au nom des codes du genre (la police française torture, point). Le plus embarrassant, cest quand Bouchareb fait de gros clins dil à lactu
Continuer à lireECRANS | De Xabi Molia (Fr, 1h40) avec Julie Gayet, Denis Podalydès
Dorotée Aznar | Vendredi 9avril 2010
Elsa est mal. Mal dans sa vie sentimentale (inexistante depuis la rupture avec son ex mari), mal avec son fils (elle ne sait comment se comporter avec lui), mal du fait de labsence de boulot stable (doù lexpulsion de son appartement qui la contraint à vivre dans sa voiture) "8 fois debout" suit ainsi les déboires de cette jeune trentenaire qui semble porter sur elle tous les malheurs du monde (le choix de lactrice Julie Gayet est, à ce titre, très judicieux). Est-ce suffisant pour en faire un film ? Xabi Molia semble le penser ; et pourquoi pas. Sauf quici, on est très loin de lunivers des Dardenne et consorts, à savoir des cinéastes qui savent filmer ceux que la société considère comme des ratés sans tomber dans la complaisance démagogique ou la leçon de morale. Un travers dans lequel Molia saute à pieds joints ("sept fois à terre, mais huit fois debout" comme dirait le proverbe qui offre son titre au film), ce qui donne un résultat insipide finalement très vite oublié.AM
Continuer à lireECRANS | De Christophe Blanc (Belgique, 1h35) avec François Cluzet, Olivier Gourmet, Louise Bourgoin
Dorotée Aznar | Vendredi 12mars 2010
Le thriller starring François Cluzet, presque un genre en soi. Avec toujours un peu les mêmes personnages et motifs, de vagues décalques naissant de ce corps nerveux au regard naïf et idéalement dépassé par les événements. Ce qua bien compris Christophe Blanc qui, en se reposant, trop, sur cette Cluzet touch, en oublie de blinder les enjeux de son scénario. Peu importe alors que son récit se déploie en cascade stylisée daccidents ou quil évoque de loin les frères Coen (le talent en moins). Pas facile de sattacher à son personnage dhomme candide, enlisé en famille dans une spirale meurtrière pour sauver son standing de nouveau riche. En prenant largent comme seul leitmotiv, renversé lors dun twist hélas tardif, Blanc camoufle mal sa petite vision du monde. JD
Continuer à lireECRANS | Remonté et raccourci après sa présentation cannoise, le quatrième film de Xavier Gianolli y a gagné en force, cohérence et mystère, donnant à lodyssée dun petit escroc construisant un tronçon dautoroute un caractère épique et fascinant.Christophe Chabert
Christophe Chabert | Mercredi 4novembre 2009
Lors du dernier festival de Cannes, 'À lorigine' avait surtout frappé par sa durée un peu mégalo (2h35 !) et son désir de tout expliquer, frisant la surdose psychologique. Xavier Gianolli a depuis revu sa copie, dans le bon sens : la version qui sort en salles est bien meilleure, puisquelle ressert et opacifie les enjeux, se concentre sur laction et relègue les motivations à larrière-plan (il en reste toutefois quelques traces dans des dialogues qui, parfois, mettent dans la bouche des personnages les intentions de lauteur). Ainsi du protagoniste de lhistoire ; on ne sait plus rien du passé de ce type bizarre qui, dès les premiers plans, monte un «coup» aussi énorme quétrange. Il se fait passer pour Philippe Miller, patron dune filiale fictive de la CGI, une entreprise de travaux publics qui a arrêté net la construction dune autoroute sous la pression des écologistes locaux défendant une race de scarabées. Miller fait croire quil va la remettre en chantier. Son plan fonctionne au-delà de ses attentes : dans une région dévastée par le chômage, il apparaît comme un messie moderne, ressuscitant les rêves de travail de la population, élus ou citoyens, entrepreneurs ou simples
Continuer à lireECRANS | De Philippe Godeau (Fr, 1h47) avec François Cluzet, Mélanie Thierry, Michel Vuillermoz
Christophe Chabert | Mardi 15septembre 2009
Quallait donc faire Philippe Godeau, producteur français important, notamment de Pialat (Le Garçu) et Despentes (Baise-moi), une fois passé derrière la caméra ? Avec cette adaptation du récit autobiographique dHervé Chabalier racontant son passage en centre de désintoxication pour lutter contre son alcoolisme, Godeau sefface devant son sujet, mais surtout devant ses acteurs. La mise en scène, à quelques affèteries en flashbacks près, cherche la discrétion et la note juste, une élégance invisible et efficace qui ne confond jamais objectivité et froideur, vérité humaine et psychologisme. Le Dernier pour la route est donc un film dacteurs au sens le plus noble du terme : Cluzet, impressionnant, magnifique, bouleversant, mais aussi une Mélanie Thierry transfigurée, formidable en nymphette autodestructrice, incapable de saisir la main quon lui tend pour la sauver de la noyade. Les meilleures scènes du film prennent le temps de capter ce fil fragile où un destin peut basculer sur un geste, un regard, une parole mal dite, mal comprise ou mal interprétée. Un beau film, tout simplement.CC
Continuer à lireECRANS | De Robert Guédiguian (Fr-It, 2h19) avec Simon Abkarian, Virginie Ledoyen, Robinson Stévenin
Christophe Chabert | Mardi 8septembre 2009
Il y a deux films dans cette ambitieuse Armée du crime : dabord le récit, clairement hagiographique, de laction du groupe Manouchian, armée de résistants communistes de tous âges et de toutes origines luttant par la violence contre loccupant allemand. Sur ce versant, Guédiguian ne convainc pas entièrement. Son didactisme se heurte à une narration sombre et épique, notamment à cause des dialogues en forme de serments politiques où lon sent trop clairement lauteur parler à la place de ses personnages. Mais il y a une autre piste, passionnante, qui justifie le projet du cinéaste : celui de montrer lentourage des résistants famille, épouse, maîtresse Ici, ce sont toutes les formes de silence, de lapprobation à linquiétude en passant par le mensonge salvateur, que Guédiguian filme, et cela débouche sur une question magnifique : comment vivre dans lombre de lhéroïsme ? Un personnage incarne ce dilemme tragique : Mélinée Manouchian, dont lamour absolu, presque métaphysique, pour son mari, est toujours assombri par un voile de tristesse. La manière dont Virginie Ledoyen, grande actrice négligée du cinéma français, joue corps et âme cet engagement silencieux, est f
Continuer à lireECRANS | De Bruno Podalydès (Fr, 1h55) avec Denis Podalydès, Florence Muller
Christophe Chabert | Vendredi 3juillet 2009
En réunissant le plus incroyable casting de lhistoire du cinéma français, Bruno Podalydès enfonce tout ce qui a pu se faire ici en matière de film-chorale. Mais Bancs publics, dernier volet de sa trilogie versaillaise, se refuse à en singer les scories. Plutôt que de créer des chassés-croisés entre ses soixante-dix personnages, il les isole dans trois espaces distincts : une entreprise, un square et un magasin de bricolages. Ces tranches de vie sont en fait des instantanés de solitude (une banderole «homme seul» attachée sous une fenêtre lance le récit), dangoisses, de doutes, de névroses, de ratages De fait, Bancs publics traduit un glissement vers la mélancolie jusquici absent du cinéma de Podalydès. Sil conserve son sens si plaisant du détail comique pris au vif de labsurdité quotidienne, et sil se refuse à aller au bout de la dépression qui couve pendant tout le film, le cinéaste réussit à se renouveler. Du coup, on a envie de passer léponge sur les défauts criants de Bancs publics (les scènes sont franchement inégales, les acteurs ne sont pas tous à laise avec cet univers) pour en vanter la joyeuse tristesse.Christophe Ch
Continuer à lireCONNAITRE | Autoportrait / Denis Podalydès représente, dans le cinéma contemporain, ce parfait trait dunion entre un cinéma populaire et des auteurs singuliers, de (...)
Christophe Chabert | Samedi 28février 2009
Autoportrait / Denis Podalydès représente, dans le cinéma contemporain, ce parfait trait dunion entre un cinéma populaire et des auteurs singuliers, de Desplechin à Haneke. Son statut de sociétaire de la Comédie française, où il mis en scène une version acclamée de Cyrano de Bergerac, achève de brouiller les pistes dun acteur à la fois cérébral et drôle, ce que son frère Bruno a exploité à la perfection dans Dieu seul me voit. Avec Voix off, première uvre en tant quauteur, entre autobiographie et galerie de portraits, tout devient clair : sil a trouvé sa voie, cest par les voix des autres. Autrement dit : cest par lécoute attentive, fascinée, envieuse ou admirative des comédiens et metteurs en scène quil a croisés que sa sensibilité personnelle sest façonnée. Le livre est donc constitué dune cinquantaine de «portraits vocaux», des membres de sa famille jusquà ses camarades de conservatoire, en passant par les acteurs quil a dabord entendu interpréter sur des livres-disques les uvres classiques (Dussollier prêtant sa voix à Proust pour un marathon autour de la Recherche, en particulier) avant de les rencontrer sur les plateaux ou sur les scènes de théâtre. Ce «Je me s
Continuer à lireCONNAITRE | Mercure de France
Aurélien Martinez | Vendredi 28novembre 2008
Il ne fait aucun doute que le deuxième livre de Denis Podalydès (après Scènes de la vie dacteur) méritait une des distinctions automnales. Mais pourquoi diable aller donner le Prix Fémina de lessai à ce texte purement (et hautement) littéraire que le comédien vient de publier dans lexcellente collection «Traits et portraits» de Colette Fellous aux éditions du Mercure de France ? Mystère De portrait, ou plus précisément dautoportrait, il est donc question dans Voix off. Mais dun portrait pas comme les autres, puisque Denis Podalydès choisit ici de revisiter son parcours intime et professionnel par un prisme peu commun : celui des voix. Celle de ses proches (les frères, les parents et grands parents, mais aussi loncle, le parrain), celles de ses mentors ou amis (Michel Bouquet, Antoine Vitez, Roland Barthes, Charles Denner), celles des personnages qui ont marqué son enfance (un professeur oublié, Léon Zitrone à la télévision ), mais aussi celles de Rufus Wainwright, Coluche, Pierre Mendès-France ou de la doublure française de Clint Eastwood ! Pour chacune dentre elles, des mots qui disent le ton, la profondeur, la puissance, et qui rappellent à celui qui les déc
Continuer à lireECRANS | de Laetitia Masson (Fr, 1h45) avec Hélène Fillières, Jérémie Rénier, Denis Podalydès
Dorotée Aznar | Mercredi 20février 2008
Après un déjà pénible Pourquoi (pas) le Brésil, cest la chute libre pour Laetitia Masson. Dès le prégénérique, ça sent le roussi : Michel Onfray donne en voix-off un cours de philo, les personnages parlent face caméra sur un ton sentencieux dun fait-divers auquel on ne comprend rien, Jean-Louis Murat pianote quelques mélodies pour payer ses factures Le reste, heureusement plus linéaire, nen est pas moins gonflant. Un riche bourgeois a été tué, sa femme sombre dans la dépression, sa jeune et opaque maîtresse jette de lhuile sur le feu, un avocat en tombe amoureux et délaisse son épouse, pendant quun flic solitaire rode nonchalamment autour de ce manège. Masson cherche un ton tragi-comique à ce polar des sentiments, mais narrive quà une forme arty et prétentieuse, dont on se demande sans arrêt si elle vise une quelconque vérité humaine si cest le cas, cest raté. Masson se prendrait-elle alors pour Godard, comme on le redoute à la vision du film ? Caramba ! Encore raté, car Coupable moissonne de la psychologie de bazar derrière son avant-gardisme de façade, à la manière de la littérature qui encombre les rayons des libraires à
Continuer à lireECRANS | de et avec Sam Karmann (Fr, 1h35) avec Karin Viard, André Dussollier, François Cluzet...
Christophe Chabert | Mercredi 19septembre 2007
Vaudeville comique dans le microcosme de la bourgeoisie quadra lyonnaise (à peine plus crédible que dans le Chabrol, ce qui est un exploit !), le nouveau film de Sam Karmann est le genre de produit inoffensif qui fera les beaux jours de France Télévisions d'ici quelques années. Autant dire que l'affaire se regarde avec distraction, à quelques détails involontairement amusants près, que l'on ne peut s'empêcher de raconter ici : Karin Viard y bosse à TLM, décrit dans le film comme un sommet de ringardise provinciale dirigé par un requin démago obsédé par le «local». Bon, toute ressemblance avec des faits et des personnes existants ne serait que pure coïncidence, hein... Les traboules y deviennent un lieu de drague homosexuelle, propices aux petits coups vite faits dans les coins sombres. Et cette classe moyenne-là baise dans les 4 étoiles et a les moyens de se faire livrer par le traiteur le repas du soir. Dernier point au crédit du film : chaque fois que François Cluzet apparaît à l'écran, pour défendre un personnage pourtant gratiné (un businessman macho et menteur), il est simplement génial. Cet acteur-là est un miracle. Dire qu'il surclasse tous ses camarades du cinéma français e
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