VIDEO. Télescope spatial James Webb : revivez son lancement ce samedi
Par Johann Foucault Publié lemis à jour le 25 Déc 21 à 16:00ActuVoir mon actu
Décollage réussi ce samedi 25 décembre 2021 pour le télescope spatial James Webb (JWST), attendu depuis trente ans par les astronomes du monde entier pour examiner l’Univers avec des moyens inégalés, qui va pouvoir rejoindre son poste d’observation, à 1,5 million de km de la Terre.
Le JWST, le plus puissant télescope spatial jamais conçu, a décollé avec une fusée Ariane 5 du Centre spatial guyanais à 12h20 GMT, avant de se séparer 27 minutes plus tard, comme prévu.
Voir les premières galaxies
Imaginé par la Nasa dès le lancement de Hubble en 1990, et construit à partir de 2004, avec la collaboration des agences spatiale européenne (ESA) et canadienne (CSA), le JWST s’en distingue à plus d’un titre.
La taille de son miroir, de 6,5 mètres d’envergure, lui procure une surface et donc une sensibilité sept fois plus grande, suffisante pour détecter la signature thermique d’un bourdon sur la Lune.
Autre différence : son mode d’observation. Là où Hubble observe l’espace essentiellement dans le domaine de la lumière visible, James Webb s’aventure dans une longueur d’onde échappant à l’œil: l’infra-rouge proche et moyen. Un rayonnement que tout corps, astre, humain ou fleur, émet naturellement.
Cette lumière sera étudiée par quatre instruments, munis d’imageurs et de spectrographes pour mieux la disséquer. Leur développement a mobilisé une pléthore d’ingénieurs et scientifiques, sous la houlette de laboratoires et industriels américains et européens.
Grâce à cela « en regardant les mêmes objets (qu’avec Hubble), on verra de nouvelles choses », expliquait à Paris l’astronome Pierre Ferruit, co-responsable scientifique du télescope pour l’ESA. Par exemple les premières galaxies, des objets dont l’éloignement a fait virer leur lumière vers le rouge. Ou les jeunes colonies d’étoiles, qui grandissent masquées dans les nuages de poussière de leurs pouponnières. Ou encore l’atmosphère des exoplanètes.
Un voyage de 1,5 million de km
La condition impérative au bon fonctionnement du JWST est une température ambiante si basse qu’elle ne trouble pas l’examen de la lumière.
Hubble est en orbite à quelque 600 km au-dessus de la Terre. A cette distance, le JWST serait inutilisable, chauffé par le soleil et sa réflexion sur la Terre et la Lune.
Il va être placé à l’issue d’un voyage d’un mois à 1,5 million de km de là. Et sera protégé du rayonnement solaire par un bouclier thermique de cinq voiles souples qui dissipera la chaleur, abaissant la température (qui est de 80°) à -233 degrés côté télescope.
Eviter les contaminations
Mais avant d’en arriver là, la machine et ses concepteurs vont devoir réaliser un véritable exploit : son déploiement sans failles, avec une série d’opérations impliquant par exemple pour le seul bouclier 140 mécanismes d’ouverture, 400 poulies et presque 400 mètres de câbles.
Car l’observatoire, avec ses 12 mètres de haut et un bouclier équivalant à un court de tennis, a dû être plié pour se glisser dans la coiffe d’Ariane 5. « L’encapsulage » s’est effectué avec guidage laser pour éviter tout dommage à l’instrument, dont le développement a coûté quelque dix milliards de dollars.
Pour ces manoeuvres, la Nasa a aussi imposé des mesures draconiennes de propreté pour éviter toute contamination du miroir du télescope, par des particules ou même une haleine chargée…
Entrée en service en juin
Enfin, un système de dépressurisation sur mesure de la coiffe a été installé par Arianespace pour qu’à la séparation d’avec le lanceur, à 120 km d’altitude, aucun changement brutal de pression n’endommage la bête. « A « client » exceptionnel, mesures exceptionnelles », a expliqué jeudi un responsable de l’ESA à Kourou.
Cette opération scelle un peu plus la coopération entre la Nasa et ses partenaires européens. Pour l’espace, « une forte coopération est indispensable pour accomplir de grandes choses », ont souligné à Kourou les responsables de l’ESA et de la Nasa.
Il faudra cependant plusieurs semaines pour savoir si le télescope est prêt à fonctionner. Avec une entrée officielle en service prévue en juin.
Source : © 2021 AFP
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