Sandrine Kiberlain signe un premier film émouvant derrière la caméra
Actrice dans plus de soixante films signés des plus grands réalisateurs, maintes fois primée, comédienne de théâtre, chanteuse délicate… À 53 ans, Sandrine Kiberlain ajoute une belle nouvelle corde à son arc artistique. Elle a réalisé son premier long-métrage, Une jeune fille qui va bien.
Elle n’en reste pas moins simple et naturelle. Les lecteurs de Ouest-France le vérifient immédiatement lors de leur rencontre avec l’artiste.
Une discussion qui commence, évidemment, sur son film. L’histoire d’une jeune fille rayonnante de vie alors qu’elle est juive dans la sombre période de l’Occupation. « Beaucoup d’émotions et malgré tout de joie » , tranche d’emblée Claudine Letourneux, 64 ans, du Loroux-Bottereau, dans le vignoble nantais.
« On a le temps de faire connaissance avec chaque personnage », complète la Caennaise Béatrice Pannier, 58 ans. « J’aime bien quand les films laissent les spectateurs découvrir progressivement les personnages, explique Sandrine Kiberlain. Je trouve ça plus fort d’arriver comme dans une fête où on ne sait pas ce qui s’est passé avant. Il faut prendre la vie en cours de route. »
« Avec une forme de modernité », poursuit Claudine, ancienne directrice d’Ehpad. « Je voulais une intemporalité du film, détaille la cinéaste. Pour que ça nous permette de rebondir sur la période actuelle, pour qu’on n’oublie jamais. Sans tomber dans l’anachronisme, ce n’est pas parce qu’on est sous l’Occupation qu’on ne peut pas dire qu’on s’aime. Avec une pulsion de vie d’autant plus forte qu’elle se sent menacée. Mon héroïne est un petit oiseau dans un orage. »
Les lecteurs s’arrêtent sur les qualités de la jeune actrice principale de 26 ans, Rebecca Marder. « Elle est à la Comédie française depuis sept ans ! Mais c’est son premier grand rôle au cinéma. Elle n’est pas consciente d’être aussi belle, solaire, spontanée, en restant singulière. »
« Mais ce personnage n’a pas de mère, pourquoi ? » interroge le Nantais Jean-Baptiste Roussel, 48 ans. « C’est surtout pour ne pas parler de moi à la première personne. Je n’ai plus mon père, le personnage d’Irène n’a pas de mère. J’ai une sœur, elle a un frère. Une façon détournée d’évoquer mes proches. Ça permet aussi aux spectateurs d’être en empathie envers cette famille. »
Elle, se rappelle-t-elle de son premier gros plan pour le cinéma ? « Je m’en souviendrais toute ma vie. C’était pendant des auditions. Il fallait passer du rire aux larmes dans la même prise. Je me disais que c’était la chance de ma vie. »
« Même avec tant de monde autour de vous ? », s’interroge Claudine. « L’objectif est de s’oublier et d’être le personnage. »
« Comment faites-vous pour être aussi juste dans vos personnages ? Par exemple dans Mademoiselle Chambon (film de 2009 réalisé par Stéphane Brizé) ? » enchaîne Claudine. « J’adore ma vie, mais je m’identifie aux personnages que je joue. La dignité de Mademoiselle Chambon, je veux la défendre. Et à travers elle, je défends tous les gens discrets, qui sont des héros sans rien d’héroïque. Et par exemple, quand je suis ivre dans Neuf mois ferme, j’ai besoin de savoir que le metteur en scène me fait confiance. »
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L’échange avec l’artiste glisse sur sa facette musicale. « Je ne suis pas chanteuse et j’ai un trac énorme pour chanter, mais les chansons m’ont fait comprendre que j’avais besoin de m’exprimer, moi, pas uniquement en rentrant dans l’univers des autres, comme actrice. On ne s’est jamais arrêtés avec Pierre et Alain Souchon. On se voit régulièrement, chez moi, chez eux… C’est une grande amitié. C’est la famille. Je pense qu’il y aura, un jour, un troisième album. »
Grâce à Béatrice, bénévole pour cette cause, on évoque aussi le prochain Gala au profit de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, le 14 mars, à l’Olympia, auquel participera Sandrine Kiberlain. L’occasion de vérifier combien cette artiste est attentive aux autres. À Béatrice quand elle parle d’Alzheimer. À Jean-Baptiste quand il évoque son récent AVC.
Mais la rencontre ne saurait se terminer sans savoir si elle envisage un deuxième film comme réalisatrice ? « J’espère mais j’aimerais que le scénario soit déjà écrit. C’est génial mais c’est un travail tellement long et intense… »
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