Incrédulité en Grèce après le tournage d'une scène de sexe sur l'Acropole
Stupeur au sanctuaire d'Athéna. L'acropole athénienne s'est tour à tour familiarisée avec les croyants antiques proches de la déesse de la sagesse, avec les Chrétiens friands du culte marial, avec les soldats de l'époque ottomane puis avec les vagues de touristes venus contempler les prodigieux vestiges de la Grèce classique. Elle ne s'attendait peut-être pas à accueillir également le tournage sibyllin d'un court métrage indépendant. Dont une scène de sexe entre deux hommes, crûment filmée à la caméra épaule au milieu des vestiges millénaires. Le ministère grec de la Culture, qui n'a pas émis d'autorisation de tournage, ne s'y attendait pas non plus. Une enquête préliminaire a été lancée pour déterminer les circonstances à l'origine de cette audace illégale.
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«Le site archéologique de l'Acropole n'est pas approprié pour la création de contenu militant ou pour n'importe quel autre type d'activité ou délit pouvant nuire au respect du monument», a déclaré vendredi le ministère grec de la Culture dans un communiqué. L'enquête ouverte en fin de semaine visera notamment à identifier les failles éventuelles dans la sécurité du site de l'Acropole qui accueille plus d'un million de visiteurs par an. Et à retrouver les auteurs du court métrage de 36 minutes intitulé Departhenon (Ξεπαρθενών, dans son titre grec original).
Hommage au Banquet de Platon
Diffusé en libre accès sur Internet, le 21 décembre, le film met en scène les pérégrinations existentielles, festives et érotiques d'un groupe d'amis au visage dissimulé. «Une œuvre d'art autant qu'un acte politique», le court métrage présente, selon ses auteurs anonymes, une reconquête sensuelle et contemporaine d'un monument qui symboliserait «le nationalisme, le culte de l'Antiquité, le patriarcat , le mercantilisme, la culture de masse et, entre autres aussi, la sédentarité.»
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La scène du scandale est présentée comme une stimulante hardiesse, pensée comme la recréation d'une expérience passée d'un homme du groupe. Ainsi qu'un hommage au Banquet de Platon. «Santé, salacité et émeute !», s'écrient ainsi les figurants le poing levé en direction de l'Acropole, avant de se rendre sur place. Tournée en plein jour, en face du portique nord de l'Érechthéion mais cachée derrière des camarades faisant écran, la séquence - qui ne dure qu'une poignée de secondes - se déroule alors que l'on peut entendre passer des groupes de touristes dans le voisinage immédiat des acteurs en besogne.
Mis en ligne dans l'indifférence générale il y a plus de deux semaines, le court métrage explicite a commencé à être partagé sur les réseaux sociaux dans les premiers jours du mois de janvier. «En tant que Grec, j'ai honte, s'est ému vendredi le président de l'Association des Acteurs grecs, Spyros Bibilas, pour la chaîne de télévision grecque ANT1. On ne peut pas faire tout et n'importe quoi au nom de l'activisme. De ce que j'ai pu en voir, d'ailleurs, je ne considère même pas ça comme un acte militant, mais juste comme quelque chose de stupide.» Un sentiment peut-être partagé par la sage Athéna. À défaut de l'immodéré Dionysos.
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