Près de Saumur. Féminicide à Chacé : au cœur des violences conjugales, la spirale de l’emprise
Éléonore Places avait 27 ans. Son nom restera associé au premier féminicide de l’année 2022 commis à Chacé. Ce crime remet en lumière le fléau des violences faites aux femmes. Le 1er janvier dernier, Alexandra Verron était en première ligne avec les gendarmes. « C’est l’une des affaires criminelles les plus difficiles que j’ai eues à traiter. Dans ce contexte-là, c’est difficile
», confie la procureure de la République à Saumur. La magistrate revient sur les violences intrafamiliales en Saumurois, « sa priorité
» depuis qu’elle a été nommée à ce poste il y a un an.
2022 a très mal commencé pour les femmes dans le Saumurois. Pouvez-vous nous donner une idée de l’ampleur des violences intrafamiliales ?
Alexandra Verron : « Il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait pas une garde à vue pour des faits de violences intra-familiales. Ce week-end, ma collègue a déféré et placé quelqu’un sous contrôle judiciaire. »
Les comparutions immédiates en hausse de 58 % à Saumur
Quel bilan tirez-vous de l’année 2021 ?
« En 2021, ce sont 103 affaires qui ont été jugées à Saumur, soit sensiblement le même nombre qu’en 2020 (107). En revanche, les comparutions immédiates sont en hausse (19 contre 12 l’année précédente). Plus de la moitié des affaires sont déférées. Depuis 2019, c’est constamment en hausse. Cela montre une volonté des parquets d’apporter une réponse rapide, immédiate et de séparer le couple violent pour éviter la réitération des faits. »
Vous parlez de couple violent, mais c’est bien la femme qui est victime la plupart du temps ?
« Oui, majoritairement même si, dans certains cas, il y a parfois des hommes et parfois les deux. »
Existe-t-il des alternatives aux poursuites ?
« Oui, certains dossiers font l’objet d’alternatives aux poursuites. Cela concerne les faits d’une très faible gravité, une séparation un peu difficile avec un geste de violence, une bousculade, une gifle, mais où il n’y a pas de notion de réitération de la violence, installée et durable. On les envoie auprès du délégué du procureur pour une composition pénale. C’est assez rapide, la convocation a lieu en moins d’un mois. Généralement, on ne les revoit pas ensuite. »
De la prise d’alcool dans 90 % des cas
Existe-t-il un critère commun entre toutes ces affaires jugées ?
« Il y a clairement des problèmes psychologiques et de dépression. Surtout, à chaque fois, il y a une notion de prise d’alcool, parfois de stupéfiants. Mais, dans 90 % des cas, le passage à l’acte est favorisé par la prise d’alcool. C’est un vrai problème de société. »...
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