Jules, Pimkie, Bizzbee le groupe Mulliez produira bientôt ses propres jeans dans le Nord

C’est une goutte d’eau qui a vocation à devenir une grande rivière. En France, en 2019, 53 millions de jeans ont été vendus, sur le marché homme et femme.

À Neuville-en-Ferrain, dans une usine qui sera en service d’ici la fin de l’année, FashionCube projette d’en fabriquer 410 000 chaque année. C’est peu, certes : 0,8 % de ce qui est consommé dans le pays et 6 % de ce que vendent les marques qui constituent cet « écosystème » (Jules, Pimkie, Grain de Malice, RougeGorge, Orsay, Bizzbee).

Mais ce flot plus vaste que ce « Denim Center » doit alimenter, c’est celui de la réindustrialisation du textile. « C’est un démonstrateur du fait que l’on peut fabriquer en France un produit que le grand public peut acheter facilement par rapport aux produits asiatiques », développe Christian Kinner, chargé du projet.

Facilement, cela signifie que les pantalons qui seront commercialisés début 2022 seront disponibles en magasin à des prix allant de 40 à 60 euros. « L’écart de prix par rapport à une production asiatique, c’est 20 %. » Et pour que l’équation soit possible à résoudre, il y a deux facteurs sur lesquels jouer.

Le premier, c’est celui qui était sous-tendu dès les premiers travaux de FashionCube (émanation pour le textile de la Galaxie Mulliez) : automatiser au maximum la production de t-shirts. Mais sur ce produit aux trop faibles marges, « la technologie n’était pas mûre » ; elle l’était davantage sur les jeans, « qui sont un produit iconique, que tout le monde a aussi dans sa garde-robe ».

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— Mc Currie Wed Jun 26 02:40:04 +0000 2013

Elle permet, au-delà de la découpe du tissu déjà semi-automatisée, d’avoir un apport de la machine dans un certain nombre d’opérations de confection comme la couture décorative de la poche, les passants de ceinture, la braguette. « On est loin du 100 % semi-automatisé », détaille Christian Kinnen. Le coût du travail joue encore. Mais si l’on ajoute l’autre facteur économique qui vient grever la marge (les invendus, les soldes), cette production quasi à la demande permet de trouver un point d’équilibre.

Vers du 100 % recyclé

Vertueuse sur l’environnement (avec un délavage au laser, à l’ozone et avec un procédé consommant 40 fois moins d’eau que la technologie traditionnelle), cette production locale a vocation à l’être davantage, à l’avenir. Car la matière première, asiatique, devrait venir à terme de plus près.

C’est en tout cas ce à quoi aspire FashionCube, dont les marques intègrent 20 à 35 % de textile recyclé à leurs jeans. Le 100 %, en économie circulaire, en collectant le textile usagé et en le retransformant en fil et en tissu, c’est un objectif qui mobilise déjà la filière textile dans la région. Pour que ces jeans et d’autres produits qui seront fabriqués ici, soient plus vertueux encore.

A son démarrage en fin d’année, l’usine de FashionCube, implantée dans la zone d’activité de Neuville-en-Ferrain, à la frontière de Tourcoing, emploiera 65 personnes. Quand elle tournera à sa vitesse de croisière, 105 emplois sont attendus (dont 20 à 30 % de salariés issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville). Outre le fait de recréer un outil industriel dans un berceau textile, l’enjeu est aussi sur l’emploi, mais pas sur ceux que la délocalisation a détruits, mais sur des postes qui seront plus techniques, comme le pilotage des machines.

Dans une étude récente, l’Union des industries textiles et l’UITH dans le Nord expliquaient que 1 % de relocalisation du textile pouvait générer 4000 emplois. Personne dans la profession n’imagine pouvoir reproduire la totalité ou la moitié du textile consommé sur le sol national. Mais « imaginons gagner quelques pourcents chaque année : il y a un vrai enjeu ! », rappelle Olivier Ducatillon, industriel du lin et président de l’UITH Nord. Cette usine de jeans y contribue évidemment.