Negawatt actualise sa vision d’une France décarbonée
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Arrêt des derniers réacteurs nucléaires au plus tard en 2045, changement de braquet dans la rénovation énergétique des logements et des bâtiments tertiaires : présentée au public le 26 octobre, l’actualisation du scénario prospectif Negawatt trace le chemin vers une France neutre en carbone en 2050, avec un appareil industriel reconfiguré.
Sans surprise, le chapitre Bâtiment de la nouvelle version du scénario Negawatt concentre son tir sur les rénovations. « Attention aux petits gestes thermiques, au saupoudrage non coordonné, qui tueraient l’objectif de neutralité carbone en 2050 », alerte l’ingénieur fluide Thierry Rieser, principal scénariste du Bâtimentau sein de l’association qui a publié le 26 octobre la nouvelle version de son étude prospective.« La juxtaposition de gestes produit des résultats deux fois moins efficaces que les rénovations globales », rappelle-t-il en citant une récente étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
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— Vegetarian Times Wed Jun 25 19:07:33 +0000 2014
Neutralité emploi pour le bâtiment
L’expert prescrit 800 000 rénovations basse consommation par an pendant les 30 prochaines années, au lieu du rythme actuel de 30 000. Dans la construction neuve qui réduirait sa voilure, l’étude prospective priorise le bois, la terre et la paille. Ce changement de braquet ne bouleverse pas l’emploi du bâtiment, qui transfère une partie de ses moyens humains du neuf vers la rénovation.
L’orientation de la construction vers des fournitures biosourcées ou géosourcées trouve sa cohérence dans l’innovation majeure apportée par l’édition 2022 du scénario Negawatt : le chapitre matériaux, dénommé Negamat.
Les auteurs y valorisent un contrat de recherche en cours noué avec l’Ademe entre 2018 et 2022. « Pour orienter les matériaux vers une économie circulaire, nous partons de l’aval, c’est-à-dire des biens de consommation, car personne n’achète du plastique ou de l’acier, puis nous remontons vers les matières premières », explique Emmanuel Rauzier, ingénieur conseil en thermique du bâtiment chargé de Negamat.
Tension sur le lithium
A l’extrémité de la chaîne qui passe par la réparabilité et le recyclage des biens de consommation, la réduction de l’extraction de matériaux bruts résulte d’un droit de tirage mondial proportionnel à la démographie : les Français représentent 1 % de la population planétaire, ils ne peuvent donc pas prétendre à plus de 170 000 t de lithium, sur le gisement de 17 millions de t. Au rythme actuel, la France dépasse ce quota en 2035. Pour sortir de l’impasse qui a fait passer quelques nuits blanches à Emmanuel Rauzier, le scénario préconise la motorisation hybride, plutôt que le tout électrique.
Negamat chamboule l’appareil industriel national, avec la disparition des plateformes pétrochimiques ou la réduction de 60 % des productions phytosanitaires. A l’inverse, l’industrie papetière et celle des batteries retrouvent des couleurs. Le boom du méthanol présente le double avantage de capter du CO2 et de permettre de se passer de la moitié du plastique. La suppression de 6000 emplois, dans l’un des deux complexes de production d’acier – Fos ou Dunkerque – trouve sa compensation dans 15 000 nouveaux postes créés par la relocalisation de la transformation des métaux et de la mécanique.
Doublement du parc éolien terrestre
L’enrichissement apporté par Negamat n’occulte pas le chapitre le plus attendu du scénario, au lendemain de la remise du rapport « Futurs énergétiques 2050 » par Réseau de Transport d’Electricité (RTE) : pour Negawatt, la France peut atteindre la neutralité carbone non seulement sans nucléaire, mais aussi avec une croissance maîtrisée de l’éolien terrestre. Le doublement des mâts suffit, grâce à la sobriété des consommations et à la progression des autres énergies renouvelables, notamment le biogaz issu de l’agriculture, laquelle ne sort pas pour autant de sa vocation alimentaire.
L’inertie manifestée par le système de production français, avec seulement deux réacteurs nucléaires arrêtés sur 58, a compliqué l’actualisation de la prospective énergétique : « L’effort maximal doit se déployer dans la première décennie », prévient Yves Marignac, chef du pôle Energies nucléaire et fossiles de l’Institut Negawatt et membre du groupe permanent d’experts auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire. Il y voit la traduction d’un « effet de verrouillage » opposé par l’exploitant monopolistique qui a obtenu le report à 2035, au lieu de 2025, de l’objectif d’une réduction à 50 % de sa part du mix électrique.
Verrou nucléaire
Résultat : « On approche du mur avec moins de marge, compte tenu du fait que la construction de 80 % du parc s’est réalisée en moins de dix ans », rappelle l’expert. Sortir de la dépendance relève selon lui du bon sens, au regard de l’objectif de développement durable (ODD) numéro 7 des Nations unies, relatif à une « énergie propre et abondante » : l’atome y répond avec une note de 1, contre 3 pour les énergies renouvelables.
Pour gérer les démantèlements sans pic de consommation de gaz, le scénario prévoit la fermeture du dernier réacteur en 2045. Ce délai maximal permet de piloter la fin des usines en réduisant leur empreinte grâce à un inventaire rigoureux des matières réutilisables.
Chacun ses coûts
Au passage, Yves Marignac rend hommage à RTE, qui confirme la faisabilité technique du 100 % renouvelable. Mais le porte-parole du volet énergétique de Negawatt conteste le surcoût de 10 milliards d’euros par an attribué à ce scénario, comparé à celui d’une relance de nouveaux réacteurs nucléaires totalisant 40 MW : « Ce calcul repose sur une hypothèse de consommation électrique élevée », relève l’expert.
Il remarque que RTE a retenu les coûts des futurs réacteurs nucléaires estimés par des sources gouvernementales, et utilisé au contraire des fourchettes larges pour estimer ceux des énergies renouvelables. Negawatt insiste enfin sur les externalités négatives de l’atome : risque industriel, bilan matière et liaisons dangereuses entre applications civiles et militaires.
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Vision politique assumée
L’association de 1500 adhérents assume sans difficulté le cadre politique dans lequel s’inscrivent ses études prospectives : « La justice sociale, la convivialité et la solidarité nous servent de guide. Les 17 objectifs de développement durable des Nations-Unies forment notre matrice », expose Yves Marignac, à quelques mois d’un quinquennat décisif pour orienter la France vers la transition énergétique et écologique.
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