Hydrogène de France vise 100 millions d'euros pour son entrée en Bourse
Passer du statut de pionnier à celui de leader mondial de l'hydrogène-électricité d'ici 2025 : c'est la très grosse ambition affichée par l'entreprise Hydrogène de France (HDF Energy). Basée à Lormont, près de Bordeaux, depuis sa création en 2012, cette PME de 25 salariés s'est faite un nom avec l'annonce fin 2019 de la construction d'une usine de fabrication de piles à combustible à Bordeaux Métropole. Elle a depuis été retenue par la Métropole pour reprendre une partie des terrains libérés par l'ex Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort, sur fond d'emballement généralisé pour l'hydrogène et ses applications en France et en Europe.
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Le cœur de métier d'Hydrogène de France (HDF Energy) c'est l'hydrogène-électricité. Il s'agit de développer des centrales de production d'électricité à partir d'énergie renouvelable (éolienne ou photovoltaïque) associées à des capacité de stockage grâce à l'hydrogène.
Objectif de lever 100 millions d'euros
Rentable depuis sa création, HDF Energy génère autour de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires ces dernières années mais entend désormais complètement changer de paradigme et d'échelle. Et comme elle l'avait annoncé à La Tribune en exclusivité le 25 mai dernier, l'équipe dirigeante a choisi d'entrer en Bourse sur Euronext pour financer ses importants besoins en capitaux avec une fenêtre de tir relativement réduite
"On a réussi à s'autofinancer pour passer plusieurs caps avec Ballard, ABB et Atos mais, là, si on ne levait pas de fonds, on se ferait manger ! On a donc opté pour la Bourse pour conserver notre indépendance", clarifie Damien Havard.
Avec cette entrée en Bourse, HDF Energy souhaite ainsi réunir 100 millions d'euros et est valorisée, en pré-opération, autour de 270 millions d'euros avec 10 millions d'actions au prix moyen de 27 euros. L'introduction, pilotée par Bryan, Garnier & Co, se traduit par une offre publique en France à prix ouvert et un placement auprès d'institutionnels français et étrangers. Dans un premier temps, 3,7 millions d'actions nouvelles sont émises dans une fourchette de prix de 22,95 € à 31,05 € pour réunir ces 100 millions d'euros et, dans un second temps, une option est posée pour la cession d'un maximum de 935.000 actions par Damien Havard et 260.000 par Kefren, le family office historique, permettant, si besoin, de réunir 32 millions d'euros supplémentaires.
80 millions d'euros d'engagements de souscriptions
Et pour gager la crédibilité de sa proposition et de son modèle, HDF Energy, qui souhaite multiplier par cinquante son chiffre d'affaires en cinq ans, affiche d'importants engagements de souscription auprès d'industriels de référence à hauteur de 80 millions d'euros. "Ces engagements démontrent la confiance des investisseurs industriels et financiers dans notre activité et notre modèle de croissance", assure Damien Havard. Dans le détail, le groupe Rubis, s'est engagé sur 50 millions d'euros. Il s'agit d'une société cotée sur Euronext Paris avec une capitalisation boursière de près de 4 milliards d'euros à fin 2020 (SBF 120), spécialisée dans la distribution d'énergies et de bitumes. Rubis, qui génère 3,9 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans 41 pays, est déjà partenaire de HDF Energy en Guyane et en Martinique. L'opération est adossée à un partenariat stratégique pendant sept ans et Rubis est appelé à collaborer sur la trentaine d'autres projets d'HDF, notamment avec une priorité pendant cinq ans pour investir dans les sociétés de projet.
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S'y ajoutent 10 millions d'euros pour Teréga Solutions, déjà partenaire sur le projet de stockage en cavité saline en Nouvelle-Aquitaine et au Maroc, mais aussi partie prenante du projet de dorsale européenne de l'hydrogène, 10 millions d'euros pour CDC Croissance, filiale de la Caisse des dépôts, et 5 millions d'euros du fonds américain Heights Capital Management. Enfin, 1,5 millions d'euros sont engagés par des investisseurs particuliers et 3,4 millions d'euros par des porteurs d'obligations convertibles. L'opération annoncée ce 10 juin s'achèvera le 22 juin au plus tard pour être validée le lendemain. Les 20 millions d'euros restant seront donc apportés par le marché boursier public.
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100 millions d'euros en 2025
Concernant l'utilisation des fonds levés, Hydrogène de France en a donné les grandes masses : 20 % pour l'usine de fabrication de piles à forte puissance à Blanquefort, près de Bordeaux ; 30 % pour le recrutement de profils très qualifiés et l'essor de l'activité à l'international pour porter l'effectif à une centaine de salariés d'ici deux ans ; et 50 % pour accroître les investissements d'HDF dans les différentes sociétés de projet.
Tout cela doit permettre à l'entreprise bordelaise d'atteindre les 100 millions d'euros de chiffre d'affaires à l'horizon 2025 et un Ebitda (1) de 35 % grâce développement des centrales renewstable, la vente de piles à combustible de forte puissance, les centrales HyPower et, à la marge, la vente d'électricité.
La centrale guyanaise attendue pour 2023
A ce jour, son projet le plus avancé est la Centrale électrique de l'ouest guyanais (CEOG), en Guyane, qui vient de passer une étape importante. La ministre de la Transition écologique a signé le 7 mai dernier l'arrêté relatif au taux de rémunération du capital immobilisé. Cette centrale "renewstable" prévoit de produire annuellement 50 GWh d'énergie solaire photovoltaïque couplée à un stockage à l'hydrogène via deux piles àcombustible permettant de fournir une électricité continue et stable, de jour comme de nuit. Cet investissement de 130 millions d'euros, dont 20 % de fonds propres de Meridiam, la Sara et HDF Energy, doit être mis en chantier cet été pour une mise en service début 2023 et une exploitation qui doit durer 20 à 25 ans.
Visuel du projet CEOG (crédits : HDF Energy)
Et l'équipe dirigeante d'HDF Energy, qui dispose d'une licence exclusive mondiale pour utiliser la technologie de Ballard Power Systems jusqu'en 2026, se montre sûre de ses forces :
"Nous nous réjouissons tout particulièrement de la signature de ce protocole d'accord visant à développer l'hydrogène sur notre territoire mais plus généralement en Europe permettant ainsi d'accélérer la transition énergétique par le jeu d'alliances stratégiques et judicieuses", salue Dominique Mockly, le président de Teréga Solutions, tandis que ses homologues chez Rubis se réjouissent également de l'opération : "Nous sommes convaincus avec Damien Havard, fondateur et actionnaire majoritaire d'HDF Energy, de la création de valeur et de l'accélération des capacités de développement des projets d'hydrogène-électricité dans les pays où Rubis est implanté et de renforcer la collaboration que nous avons construite depuis six ans avec le groupe HDF Energy".
(1) L'Ebitda désigne les revenus d'une entreprise avant soustraction des intérêts, impôts, dotations aux amortissements et provisions sur immobilisations.
Pierre Cheminade9 mn
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