Le Mobilier National, acteur de la relance des métiers d'art
Avec la crise économique et sanitaire, l'approvisionnement local est encouragé, surtout quand on est une institution publique. Le Mobilier national, vient ainsi de s'engager dans la renaissance de production française de laine aux côtés d'un 'Collectif Tricolor' de professionnels tels LVMH (propriétaire des « Echos »), Saint James, Le Slip Français ou encore de salons comme Première Vision et Maison & Objet.
Objectif : accroître de 4 % à 24 % la part de laine produite et transformée en France d'ici à 2024, alors que près de 7 millions de moutons sont élevés sur le territoire. « Reconstituer la filière de traitement de la laine peut générer des milliers d'emplois et nous souhaitons y contribuer. Et si la laine française se retrouve sur une tapisserie réalisée par un grand artiste, c'est symboliquement fort », observe le directeur du Mobilier National, Hervé Lemoine, qui souhaite à terme s'approvisionner à 100 % par cette filière.
L'ancien garde-meubles de la couronne est un haut lieu de la création textile depuis la fondation des manufactures royales par Colbert au XVIIe siècle. Ses centres de fabrication des Gobelins et de Beauvais sont voués à la tapisserie, celui de la Savonnerie de Lodève au tapis, ceux du Puy- en Velay et d'Alençon à la dentelle. Sans compter sept ateliers de restauration du bois, du métal et du textile. « Une spécificité française : tous les autres garde-meubles royaux ont cessé de fabriquer et se sont muséifiés alors que nous n'avons jamais cessé de créer », se félicite son directeur.
Avec les PME d'Aubusson
D'où la volonté d'être un outil de relance pour l'artisanat d'art et le design français, privés de leurs salons cette année (Révélations, PAD, Salon du Meuble de Milan…). « Longtemps le Mobilier National ne s'est pas préoccupé de son écosystème. Mais avec la crise, nous avons identifié 500 partenaires, PME, ateliers, artisans, éditeurs, designers, architectes d'intérieur… Les soutenir est apparu indispensable », explique Hervé Lemoine.
En plein premier confinement, il a lancé une campagne de restauration de 150.000 euros pour des pièces des années 1930 à 1950 de la collection, afin d'aider les sous-traitants en mal de clientèle privée et internationale. « Certains savoir-faire sont rares et risquaient de disparaître tels les bronziers, laqueurs, doreurs, marqueteurs », poursuit le dirigeant.
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Ce dernier a aussi monté un partenariat inédit avec les PME d'Aubusson, mondialement réputées, afin de préserver 120 emplois dans ce territoire du Massif Central. Enfin, il a décidé de passer une autre commande exceptionnelle de 250.000 euros de mobilier auprès cette fois de designers contemporains, d'éditeurs et de galeries françaises. « Nous avons visé en priorité les jeunes créateurs dans ce contexte qui a fragilisé leur insertion professionnelle à la sortie des écoles », note Hervé Lemoine.
Avec Ligne Roset
Cette opération, le directeur du Mobilier National veut la réitérer en 2021 et 2022 pour une centaine d'autres pièces afin d'atteindre le chiffre symbolique d'un million d'euros dans le cadre du plan de relance du ministère de la Culture, conscient du rayonnement des métiers d'art, « une des richesses de notre pays », qui bénéficieront en avril prochain d'une vitrine d'exception à l'Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris.
Un plan conséquent pour cette institution dont le budget annuel s'élève à 5 millions d'euros seulement, hors masse salariale de ses 350 artisans.
A l'avenir, le Mobilier National prévoit de s'ouvrir davantage aux designers et aux éditeurs de meubles pour son Atelier de Recherche et de Création (ARC). Depuis 60 ans, celui-ci réalise pour l'Etat des prototypes d'excellence afin de répondre aux nouveaux besoins des hôpitaux, maisons de la culture, logements, centres de vacances, prisons… « Je veux que nous travaillions à la fois sur les pièces uniques et sur les multiples. Nous avons commencé avec Ligne Roset pour une série de petits canapés », indique Hervé Lemoine. Les acteurs privés ont ainsi accès à des bureaux d'études et à des techniciens de haut vol, et le Mobilier National… à de nouvelles recettes.
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