Tensions sur les prix de l'énergie : «ça peut durer tout l'hiver», prévient Thierry Breton
Électricité, gaz, carburants... Les prix de l'énergie flambent et cela «touche tous les Français, tous les Européens, et dans une certaine mesure toute la planète», a constaté dimanche le Commissaire européen au Marché intérieur, le Français Thierry Breton. À la veille d'une réunion, lundi, des ministres des finances des 27 qui se penchera sur la question, Thierry Breton a promis que la Commission européenne activerait les instruments qui permettront aux gouvernements de limiter les dégâts sur les factures. «C'est à la main des États», a rappelé le commissaire, selon qui 35 à 36 millions d'Européens sont aujourd'hui mis en difficulté par la hausse des prix. Le sujet est brûlant. L'Europe a été interpellée par les gouvernements espagnol et italien. En France, Bruno Le Maire a dénoncé vendredi sur Public Sénat un système «obsolète». «Le marché unique européen de l'électricité ne marche pas, il est aberrant. (...) Il faut revoir de fond en comble (son) fonctionnement», a déclaré le ministre français de l'Économie.
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Vu de Bruxelles, Thierry Breton a approuvé les mesures de type chèque énergie comme celui que le gouvernement français a décidé de renforcer. «L'Europe pousse, incite, les États» à se préoccuper du sujet. Il faut anticiper, a jouté Thierry Breton qui met en garde : «cette situation de tension peut durer tout l'hiver». En cause, a-t-il rappelé, des facteurs conjoncturels (une reprise plus vive qu'attendue), un manque de vent, et des tensions géopolitiques.
Thierry Breton a saisi l'occasion pour suggérer plusieurs faiblesses de la politique énergétique comme la dépendance, en particulier de l'Allemagne, au gaz russe. Selon lui, l'éolien ne peut être la seule réponse au défi de la décarbonation. Le nucléaire, «énergie de transition», en fait partie. Si sa part dans la production totale européenne est appelée à diminuer de 26% aujourd'hui à 16% en 2050, le volume de production d'électricité devra avoir doublé dans le même temps. Conclusion : il ne faut pas fermer les centrales nucléaires existantes tant qu'elles sont jugées sûres par les autorités.
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Outre les prix de l'énergie, le retour de l'inflation relance les enjeux de pouvoir d'achat. L'Europe planche sur un SMIC à l'échelle de l'Union. Mais Thierry Breton insiste également sur la piste du meilleur partage de la valeur (intéressement et participation).
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«L'Europe, pharmacie du monde»
En première ligne depuis le début de l'année sur le sujet de la production des vaccins contre le Covid, Thierry Breton s'est évidemment félicité du chemin parcouru. Aujourd'hui l'Europe produit 300 millions de doses par mois, ce qui lui permet d'envisager sereinement l'hypothèse d'une troisième dose. Devenue le premier producteur, elle est un peu «la pharmacie du monde», a glissé le commissaire pour qui l'enjeu est désormais pour nous qui «avons beaucoup de chance d'être des Européens», ainsi que pour les États-Unis, d'accélérer les dons aux pays pauvres, et d'aider au développement d'un outil de production vaccinale en Afrique. Il faut également poursuivre .
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Si l'Europe a conquis en quelques mois son autonomie vaccinale, ce n'est pas le cas dans le domaine des semi-conducteurs. En tournée asiatique la semaine prochaine, après un déplacement aux États-Unis en fin de semaine, le commissaire européen rappelle que 40 milliards d'euros sont mobilisés à l'échelle de l'Union, par la Commission et les États, pour renforcer les capacités industrielles du Vieux continent sur un marché dominé à 70% par les acteurs asiatiques. Thierry Breton compte bien faire pousser en Europe «au moins deux usines d'ici la fin de (son) mandat», une promesse qui s'appuie sur des «négociations déjà très avancées».
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