Sarthe. Comment la société Lœuf gère une année particulière
Comment se porte la filière œuf ? « Nous faisons face à une crise conjoncturelle », estime Christophe Bériard, directeur de la société Lœuf, basée à La Bazoge (Sarthe). Il répond à nos questions.
Comment analysez-vous, sur le plan économique, les dix-huit derniers mois vécus par votre société Lœuf (1) ?
Si l’on se replace dans un contexte plus général, on peut dire qu’avec le Covid, nous avons connu une année particulière pour la filière œuf. En 2020, on a connu quelques mois record pour l’ensemble de la filière puisqu’il a fallu fournir toute la France, ce qui représente pour l’ensemble de la filière quelque 80 millions d’œufs. Globalement, chez nous, cela s’est très bien passé, le personnel a répondu présent. On a considéré que c’était donc une bonne année.
Arrive le déconfinement. En 2021, on connaît une baisse notable de la consommation que l’on sent nettement à partir de février-mars. Fin juillet, le marché des œufs et des ovoproduits connaît une baisse de 9 %, ce qui est assez inquiétant.
Comment expliquez-vous cette évolution rapide de la consommation ?
Ceci s’explique par la plus grande présence des gens dans leur intérieur à l’époque du confinement, associé à la place de plus en plus grande faite à la cuisine, portée par les émissions TV, les médias en général, l’œuf étant un produit magique pour être utilisé en cuisine, un produit de fond de frigo, qui peut se garder longtemps. L’œuf a été vraiment plébiscité pendant cette période de présence domestique.
Et aujourd’hui, diriez-vous que votre filière est en crise ?
En fait, cet affaissement de la consommation a été couplé, dès la fin de 2020, à une flambée du prix des matières premières : les céréales, aliment essentiel des poules, ont connu une hausse de 27 %. Or, les céréales comptent pour 60 % en prix de revient, ce qui représente 7 % d’impact pour nous.
On est clairement dans une situation de crise économique. En effet, la filière est indexée, c’est-à-dire que pour protéger les éleveurs, plus le prix de la matière augmente, plus on achète les œufs chers.
Aujourd’hui, on est dans une situation où l’on achète beaucoup plus cher les œufs mais on ne vend pas plus chers à la grande distribution. À cela viennent s’ajouter quelques difficultés d’approvisionnement en matières premières, comme le soja sans OGM dont on a besoin dans nos formulations parce que c’est très riche en protéines.
Malgré tout, l’entreprise reste solide. Nous, on considère que c’est une crise passagère, comme on a pu en connaître par le passé, il y a une dizaine d’années. Ponctuellement. On est face à une crise conjoncturelle.
(1) La société Lœuf est une filiale commune des Fermiers de Loué et du groupe volailler LDC. La plateforme de La Bazoge conditionne les œufs de Loué.
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