En Californie, la légalisation du cannabis a provoqué un boom de la production illégale En Californie, la légalisation du cannabis a provoqué un boom de la production illégale
Atlantico : En novembre 2016, les électeurs californiens ont approuvé l’usage du cannabis à fins récréatives. L’un des arguments choc pour cette légalisation était de mettre fin au commerce illégal. Pourtant, le marché noir a explosé, les autorités l'estimant aujourd’hui à 8 milliards de dollars, le double des ventes officielles. Comment l’expliquer ?
Xavier Raufer : D'abord, n'oublions pas : les stupéfiants ne sont pas dangereux du fait qu'ils sont interdits ; à l'inverse, ils sont interdits car dangereux - souvent, mortellement.
Les idéologues libertaires californiens voulant tout "libéraliser", stupéfiants en tête, ont pour icône M. Soros, pirate financier condamné à tous niveaux de la justice européenne. Cet adepte de la liberté du renard dans le poulailler a donc financé la campagne dé-pénalisante. Ce que lui et ses séides locaux cherchaient avec la drogue libre "à titre récréatif" était de plonger la Californie dans l'anarchie : un succès majeur.
Comme partout où son "usage récréatif" a été voté, Canada, etc., coexistent deux marchés du cannabis : l'un licite, l'autre pas ; ce dernier vendant moins cher des produits incontrôlés. Un marché "sain" pour "bobos" et un autre dangereux (plants inondés de pesticides cancérogènes, etc.) pour les pauvres, les jeunes, etc. Entre ces deux marchés, une surenchère sur le taux de produit psychoactif dans leur drogue. Parfois, le taux de THC (Tétra-Hydro-Cannabinol) y est tel, qu'il procure de sévères hallucinations, plus proche du LSD que du "joint" de papa.
À Lire Aussi
Marseille gangrenée par la violence : petites leçons venues de Chicago sur ce qu’on peut faire et… ce dans quoi il ne faut surtout PAS s’engagerAjoutons que les filous-légalisateurs promettaient une mine d'or de recettes pour l'État - le coup du trésor caché facilite les escroqueries depuis l'Ancien Testament. Bien sûr, c'était faux. À calculer honnêtement - ici, les taxes émanant de la drogue légale ; là, les coûts de santé publique, nombreux accidents de voiture sous drogue, etc., le cannabis légal rapportait en 2020 ± 1% des recettes fiscales de la Californie.
Un changement sur la fiscalité de ces produits pourrait-il, en faisant chuter les prix, attirer les consommateurs vers les boutiques officielles et mettre fin au commerce illégal ?
J'en doute : le marché illicite a une infinie capacité de surenchère. Avec ses taux de profit dépassant toujours les 50% ; parfois 70% ; plus bien sûr, zéro taxes et impôts, les narcos peuvent brader leurs produits le temps qu'il faut. Au Canada, ils sont de 10 à 15% moins cher que le cannabis taxé-légal et ainsi, surnagent aisément. Plus, les vastes capacités de falsification du cybermonde. Exemple : dans la même rue de Vancouver (ville que je connais bien), deux boutiques de cannabis indiscernables, la même drogue dedans, avis de taxation, licence, etc. en vitrine - l'une, légale et l'autre, 100% contrefaite ! Au point que les policiers locaux ignorent combien il y a de ces boutiques en ville, légales ou non. Par piratage, la contrefaçon falsifie même en douce des dossiers d'enregistrement de la mairie...
Pensez-vous qu’un tel phénomène se produirait en France si le cannabis était légalisé à des fins récréatives ? Pensez-vous que la société française soit prête à accepter une légalisation?
À Lire Aussi
Ce mauvais diagnostic posé par la France sur le "tsunami" de cocaïne qui déferle sur l’EuropeLégaliser ou pas, interdire ou non, relève de l'exécutif. Les drogues étant illicites depuis le XIXe siècle, leur production, trafic, etc. est toujours sous la coupe du crime organisé. Comme criminologue, je suis donc compétent pour alerter les pouvoirs publics et l'opinion sur les risques et périls d'un changement du statut légal des stupéfiants. Or ce que je constate à présent, dans le monde, m'amène à avertir d'évolutions périlleuses :
• Bousculés, handicapés au départ (confinements, bouclages de frontières) les caïds de la drogue - Asie centrale, Rif du Maroc, cône nord de l'Amérique latine, "Triangle d'Or", ont vite saisi l'immense opportunité offerte à eux : gouvernants obnubilés par le COVID ; public perturbé, avide de paradis artificiels. Depuis, c'est l'inondation planétaire de stupéfiants - cannabis, héroïne, amphétamines, cocaïne, etc. On en saisit toujours plus - donc il en passe de sept à neuf fois plus. Tout cela, par violence massive, corruption et intimidation. N'oublions pas que les exportateurs de stupéfiants répondent sur leur vie du succès de leur trafic.
• Attention, notamment, au Tsunami balayant l'Europe, d'une fort criminogène cocaïne. Partout et toujours (États-Unis en tête), son irruption a provoqué un bain de sang entre gangs se disputant le gâteau. En Europe, ça débute sur la façade nord-Atlantique, de Rotterdam au Havre. Attention à la suite, dans les quartiers hors-contrôle.
Peut-on voir des similitudes dans le contexte américain et français ?
Oui, l'aveuglement. L'incapacité de voir clair et vite ce qui émerge. La reptation de démagogues devant des gourous anarchistes et médias-bobos ; devant une "jeunesse" frelatée et son inepte copier-coller du "gangsta-rap" des ghettos américains. D'un côté, on lance une (factice) "guerre à la drogue" en raflant de ci-de là quelques kilos de cannabis - là où en France, il s'en fume une tonne par jour (minimum) ; de l'autre, des bobos-Macron prosternés devant des rappeurs, de facto vitrine "culturelle" de narcos des zones hors-contrôle.