Les championnes de l’IA et de la robotique dans la région
Vitirover, le robot des vignes
Ou comment ne plus se soucier de l’entretenir de ses sols agricoles et industriels. « C’est une innovation de rupture dans un monde où l’on court après le temps », prévient Arnaud de la Fouchardière. À la tête de Vitirover, son entreprise basée à Saint-Émilion (33) assure le contrôle précis de la végétation, coupe et ramassage, grâce à un troupeau (une flotte) de robots de 20 kilos pilotés à distance par des bergers (des techniciens).
Selon la saison, la culture et la demande de chaque client, l’herbe est coupée à la hauteur souhaitée. Adieu les gros engins qui piétinent le sol mais aussi les désherbants chimiques, tel le glyphosate, place à l’économie et l’écologie via l’énergie solaire.
« Le client paie une prestation, à savoir un coût annuel à l’hectare. Il n’investit pas ni dans le matériel ni son entretien », précise Arnaud de la Fouchardière. Après la France, à l’exemple de l’aéroport de Roissy, il se réjouit de l’ouverture du marché vers l’Europe, via des contrats avec NDSA, EDF Espagne, pour une ferme photovoltaïque, et avec Elia, gestionnaire du réseau de transport d’électricité belge.
Il a fallu une dizaine d’années pour que la marque Vitirover s’inscrive naturellement dans le paysage. La prochaine étape concerne la fabrication qui va s’accélérer, à savoir entre 30 et 50 robots par mois, via le partage d’un espace avec ESI Groupe (logiciel) et LGM Group (management et ingénierie) sur le campus de Talence, siège de l’Ensam (école nationale supérieure d’arts et métiers), au premier trimestre 2022.
Vitirover
Siège : Saint-Émilion (33)Dirigeant : Arnaud de la FouchardièreCréation : 2011Chiffre d’affaires : 500 000 euros en 2021Salariés : 14Proditec, l’œil sur la qualité
Malgré un chiffre d’affaires 2020 affecté de 60 %, en raison du Covid, Proditec a montré son assise financière, a conservé ses équipes et en a profité pour peaufiner son dernier appareil de haute précision, aidé par le Centre technologique Nouvelle-Aquitaine du numérique (Catie). Lancé sur le marché en cette fin 2021, cet outil permet l’inspection visuelle et le contrôle qualité de 200 objets à la seconde avec une précision établie à 100 microns.
En 1987, à sa création, les premiers travaux de Proditec ont concerné le contrôle de la monnaie de Paris frappée à Pessac, ville siège de l’entreprise de la famille Riboulet. Puis, la société devient vite leader mondial avec l’introduction de l’euro. En 2005, Christophe Riboulet rachète Proditec. Il ouvre un second secteur d’activité : la pharmacie (contrôles qualité et esthétique des médicaments : comprimés, gélules). Il doit affronter une concurrence planétaire, « c’est notre terrain de jeu », principalement asiatique (Japon et Corée) et américaine, continents où il ouvre des postes, notamment à Singapour, « afin d’être proches de nos clients et réactifs. » Des clients répartis dans 40 pays et un chiffre d’affaires réalisé à 95 % à l’export.
Performance, compétition, innovation, compétence, robotique, automatisme 4.0, numérique, produits augmentés… Ces termes nourrissent les propos de Christophe Riboulet. Il reconnaît devoir « anticiper et s’adapter à la demande. Cela requiert de la flexibilité », et dépasse la seule intelligence artificielle.
Proditec
Siège : Pessac (33)Dirigeant : Christophe RibouletCréation : 1987Chiffre d’affaires : près de 7 millions d’euros en 2019Salariés : une cinquantaineShark Robotics en action
Leurs robots sont sur tous les fronts. Au cœur du brasier de Notre-Dame de Paris, dans les espaces à décontaminer pendant la pandémie de Covid-19 et sur les théâtres d’opérations avec les militaires de l’armée de terre. Les environnements extrêmes sont la spécialité de Shark Robotics, installé à La Rochelle depuis 2016.
« Au début, on ne faisait que de la robotique, on sous-traitait la partie intelligence artificielle. Depuis un an et demi on a développé le service en interne. Tout est réalisé ici à La Rochelle de l’usinage, au montage jusqu’au SAV », explique Manon Vermenouze, directrice de la communication.
Depuis, l’innovation ne s’arrête plus. L’équipe développe en moyenne, chaque année, quatre nouveaux robots sur-mesure pour les besoins spécifiques de leurs clients. Le dernier en date s’appelle Salam & R. Total s’en servira pour récupérer des capteurs sismiques disposés dans le désert. Avec un poids de 1,2 tonne et 12 roues motrices, l’engin se déplace sans difficulté dans cet environnement hostile.
Les robots rochelais aux noms de Colossus, Rhynoprotect ou encore Barakuda incluent tous une intelligence artificielle, mais ils ne peuvent pas fonctionner sans l’homme. « On limite l’IA, on tient à toujours garder l’homme dans la prise de décision. Les environnements de nos clients sont complexes, on ne voudrait pas d’une autonomie de l’IA totale ». 130 robots créés plus tard, la prochaine ambition est de les envoyer dans l’espace.
Shark Robotics
Siège : La RochelleDirigeant : Cyril KabbaraCréation : 2016Chiffres d’affaires : 5 millions d’euros en 2021Salariés : 40Activus anticipe les besoins des entreprises
Quand Sabrina Derradji raconte l’ouverture de l’agence bordelaise d’Activus, fin 2019, elle insiste sur l’intransigeant effet Covid. Comme le veut l’esprit d’Activus à l’égard de ses clients, il a fallu apprendre à anticiper. Fin 2021, la responsable en Nouvelle Aquitaine s’appuie sur une dizaine de collaborateurs. Depuis juin, l’agence assure la vice-présidence du cluster domaine d’intelligence data science de digital Aquitaine, stand où elle officiera lors du forum NAIA, et où sera présenté le logiciel Big Brain.
Née à Toulouse, l’entreprise fourbit son savoir en France métropolitaine, via des entités en Île-de-France, Lyon, Lille, Nantes et Aix, et des partenariats en Allemagne République tchèque et Suisse. Issus du numérique et des services, les fondateurs, Pascal Diogo et Laurent Fraimont ont créé Activus autour de cinq métiers liés aux logiciels : recherche et développement, services (cybersécurité), formation et un institut 100 % certifiant, cabinet de conseils en recrutement et infrastructures (serveur, matériels, supports).
Activus
Siège : BordeauxDirigeant : Pascal DiogoCréation : 2015Chiffre d’affaires : 6 millions d’euros en 2020Salariés : une centaineWiidii, l’assistant vocal bordelais
Il réserve le restaurant, peut commander les courses ou prendre un rendez-vous chez le médecin. L’entreprise Wiidii a développé l’assistant vocal Waouh, pour être une « conciergerie haut de gamme ».
S’il est accessible sur smartphone, comme « Siri » sur l’iPhone, il va un peu plus loin. « Ces assistants redirigent vers d’autres applications, ils ne finalisent pas les tâches, alors que notre produit répond aux demandes de A à Z », affirme Céline Pluijm, chef d’exploitation.
Cela grâce à une technologie hybride. L’intelligence artificielle s’arrête là où l’humain doit prendre la main ; par exemple, pour fixer un rendez-vous médical au téléphone. Une quinzaine de salariés réalisent ces tâches, chaque jour, pour les utilisateurs.
Une autre équipe développe l’IA en permanence. Cette dernière a besoin de données et donc d’un grand nombre d’utilisateurs pour améliorer le service.
Wiidii vend ce produit à des entreprises qui l’offrent ensuite à leurs clients ou à leurs collaborateurs pour améliorer la qualité de vie au travail. Le service est aussi proposé aux personnes en situation de handicap, pour faciliter leur quotidien.
Avec déjà des bureaux à Lille et à Sofia en Bulgarie, l’entreprise bordelaise prépare sa prochaine levée de fonds et une collaboration d’envergure européenne avec MasterCard.
Wiidii
Siège : BordeauxDirigeant : Cédric DumasCréation : 2014Chiffres d’affaires : non communiquéSalariés : 54ThinkDeep traque les défauts
La jeune start-up conçoit des logiciels pour contrôler la qualité, notamment des pièces d’aéronautique
Depuis sa première invention, des lunettes de réalité augmentée, ThinkDeep a déplacé le curseur pour répondre au mieux au contrôle qualité industriel. Plutôt qu’un casque, que chaque opérateur doit porter pour voir les défauts sur les produits, l’équipe de dix ingénieurs conçoit des logiciels.
« On a développé un système qui apprend à détecter les défauts grâce à des caméras, des scanners ou des rayons X », explique Vincent van Steenbergen, l’un des cofondateurs. Leurs clients sont des industriels de l’aéronautique, du spatial et de la défense.
« On a de grosses compétences sur l’intelligence artificielle dans l’entreprise, notamment un des cofondateurs qui est chercheur en mathématiques ». ThinkDeep prévoit au moins cinq embauches en 2022 pour accompagner son développement.
« Aujourd’hui notre produit Deepflow répond aux besoins des industriels pour le contrôle qualité. Les caméras peuvent travailler de manière systématique, 24h/24, 7 jours/7. »