Panneaux solaires : le coup de gueule d'un maire du Lot
Bertrand Gouraud ne veut pas tomber dans le panneau. Le maire de Vaylats ne veut pas installer de panneaux photovoltaïques sur sa commune. Et ce n'est pas faute d'être sollicité : " Quatre sociétés spécialisées m'ont déjà proposé leur projet en un an, et encore, à l'échelle de la communauté de communes Lalbenque-Limogne, toutes les mairies ont été approchées au moins une fois". Trop c'est trop. L'édile refuse, systématiquement ces projets qui portent sur 10 à 50 hectares de terres. Plusieurs raisons à cela.
Si Bertrand Gouraud prend la parole aujourd'hui c'est d'abord pour mettre en garde les élus : " Les panneaux solaires ne sont qu'un leurre, un miroir aux alouettes, quand on se renseigne un peu, on s'aperçoit que des sociétés étrangères sont derrière ces beaux projets en apparence, on nous fait miroiter une manne financière mais en réalité, quasiment rien ne revient dans la poche des communes, ce sont les actionnaires qui touchent les bénéfices".
Des offres pourtant alléchantes
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— To Be Tech Sat Dec 29 17:10:29 +0000 2018
Alors, il veut dire aux édiles : " Attention, ralentissez la cadence, ne tombez pas dans le panneau du photovoltaïque à tout prix et à tout va". Car s'il y a bien quelque chose qui ne plaît pas à Bertrand Gouraud, qui est aussi vice-président de la communauté de communes en charge de l'aménagement du territoire, c'est cette " colonisation " des terres : " On est particulièrement sollicité dans le Lot car on a beaucoup de terres à faible potentiel agronomique, ce n'est pas une raison pour se laisser coloniser". Car il faut reconnaître que pour les municipalités, les offres sont alléchantes : " les porteurs de projet promettent 40 000 euros de bénéfices tous les ans pendant dix ans, alors c'est sûr que quand les dotations de l'Etat baissent en parallèle, je comprends que certains élus signent mais attention, ces sociétés défiscalisent bien souvent car il y a de gros enjeux financiers derrière".
Autre problème selon lui : " Dans trente ans on ne saura pas quoi faire de ces installations et je me questionne beaucoup sur les bienfaits pour les terres agricoles, quel sera l'impact pour la biodiversité ?" Sans compter que d'après lui, " le marché des terres agricoles risque d'être déstabilisé avec des prix multipliés jusqu'à dix pour le foncier". Et Bertrand Gouraud sait de quoi il parle : il est producteur de fromages de Rocamadour.
Il a la solution : une mutualisation des collectivités pour gérer ces projets avec un cadre clair". "L'idéal reste de créer des projets citoyens auxquels les habitants sont réellement associés et pour lesquels les communes peuvent rentrer au capital", ajoute-t-il. Par ailleurs, ces projets ne peuvent pas se passer de " consultation citoyenne " en amont : "les habitants sont trop souvent mis au pied du mur alors qu'ils ont leur mot à dire". En attendant, les habitants de Vaylats ne risquent pas de voir des panneaux solaires arriver sur leur commune.