Comment le gouvernement entend rendre les éoliennes acceptables Energies renouvelables
"C’est une nécessité, c’est vital". La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, n’avait pas de mots assez forts pour convaincre de la nécessité de développer l’éolien lors de la présentation, le 5 octobre dernier, de dix mesures pour encourager le développement de cette énergie renouvelable sur le territoire. L’enjeu est de taille. Malgré une hausse de 8 % de la capacité de production éolienne en 2020, la France est en retard par rapport à son objectif. La puissance cumulée des éoliennes doit en effet doubler d’ici 2030.
Mais l’éolien peine à s'installer en France. Selon un rapport publié par le Ministère de la transition écologique en 2018, 70 % des autorisations délivrées pour la construction de parcs sont contestées. Ces recours conduisent à un allongement des projets. Ils peuvent mettre sept à neuf ans à aboutir, contre trois à quatre ans en Allemagne. Les éoliennes sont notamment accusées de défigurer les paysages, d’être à l’origine de nuisances sonores, de ne pas être recyclables ou d’avoir un impact négatif sur la biodiversité, en tuant par exemple les oiseaux avec les pales.
Des mesures pour encourager l'acceptabilité
Pour lever ce frein, le gouvernement a mis en avant des mesures pour encourager l’acceptabilité des éoliennes, dont la plupart sont anciennes. Barbara Pompili a par exemple remis en avant l'existence d'un médiateur de l’éolien pour les projets les plus controversés, la consultation obligatoire du maire avant le lancement d’un projet, la mise en place de comités régionaux de l’énergie, l’obligation de recycler 90 % des éoliennes démantelées à partir de2022, ou encore le contrôle systématique du bruit.
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Pour répondre aux préoccupations relatives aux paysages, le gouvernement a annoncé la création d'un "fonds de sauvegarde du patrimoine naturel et culturel", qui sera alimenté par 1% des ventes d'électricité d'origine éolienne en France. L’argent récolté, environ 30 à 40 millions d'euros par an, doit permettre de financer la protection et la restauration du patrimoine des communes accueillant un parc éolien terrestre ou maritime. "C’est un grand pas en avant, résultat de mois de travail avec les territoires et les citoyens pour construire une stratégie qui aille dans le bon sens", a salué Michel Gioria, délégué général de France Énergie Éolienne, porte-parole des entreprises de l'énergie éolienne en France.
Redonner une voix à la majorité "pro-éolienne"
Mais ces nombreux recours ne traduisent pas forcément la position des Français sur l'éolien, à en croire un récent sondage publié par Harris Interactive. 70% des sondés ont en effet une image favorable de l’énergie éolienne, et, chose surprenante, l'adhésion est encore plus marquée chez ceux vivant à moins de dix kilomètres d’un parc. Le gouvernement entend ainsi s'appuyer sur cette majorité en favorisant la création de "parcs citoyens", comme celui initié à Bégane, en Bretagne. Inauguré en 2014, le site comprend quatre éoliennes financées et détenues par un millier de citoyens. "Chose rare" souligne le site internet d’Énergie Partagée qui recense ces projets en France : "aucun recours n’a été déposé pour contrer le parc". Barbara Pompili a annoncé que ces parcs citoyens bénéficieraient d'un bonus lors des appels d’offres.
La minorité anti-éolienne a cependant un fort écho politique notamment à droite et à l’extrême droite. En témoignent les débats houleux à l’Assemblée nationale le 7 octobre. Le député LR Julien Aubert appelait notamment à "raisonner le développement de l’éolien" et à dire "stop à la prolifération anarchique". "L’éolien n’est aujourd'hui pas tant une question technique que politique", estime Alexis Monteil-Gutel, responsable des projets énergies renouvelables au sein du CLER. "Hausse des prix de l’énergie, sécurité d’approvisionnement, lutte contre le réchauffement climatique, souveraineté… l’éolien est au cœur de la vie quotidienne".
Pauline Fricot, @PaulineFricot