Comment Renault mise sur sa nouvelle Zoé pour préserver son rang de leader
Une nouvelle Zoé ? Presque... Certes, la "troisième génération" de la citadine électrique de Renault garde, ce qui dans une version thermique serait qualifiée d'essentiel : le châssis, la carrosserie. Oui mais voilà, Zoé a tout changé dans ce qui, dans une voiture électrique constitue le véritable essentiel : l'architecture électronique et la motorisation électrique.
A l'intérieur, tout a été revu
Bien entendu, pour faire bonne figure, plusieurs éléments de carrosserie ont été modifiés. "On a réinventé la Zoé", insiste Gilles Normand, directeur du véhicule électrique chez Renault. Selon lui, il n'y avait aucune raison de changer son look. "Son style est toujours sa première raison d'achat", a-t-il expliqué à un parterre de journalistes venus pour le lancement du modèle. Pour Agneta Dahlgren, la directrice du design véhicule électrique, il y a toutefois eu quelques modifications à la marge pour "affirmer davantage le profil devenu iconique" de la Zoé. De la planche de bord, aux couleurs de caisse (3 teintes supplémentaires), en passant par la qualité perçue des matériaux, de nouveaux textiles (recyclés), mais également le confort des sièges et la signature lumineuse, tout a été revu.
La nouvelle Zoé se veut "plus dynamique et plus chic pour confirmer sur le design, la performance accrue et l'autonomie prolongée", confirme Agneta Dahlgren. Ainsi la nouvelle version d'une des voitures électriques les plus vendues en Europe voit son autonomie augmentée de 25% pour atteindre 390 km (norme WLTP). Elle se dote également d'un nouveau moteur de 135 chevaux qui voit son couple augmenter à 245 Nm. Pour Elizabeth Delval, directrice du programme Zoé, la réactivité moteur et donc le confort de conduite est nettement améliorée puisque le conducteur gagne 2 secondes pour passer de 80 à 120 km/h.
Une Zoé compétitive
Pour Gilles Normand, il faut se rendre compte que toutes les innovations apportées à la nouvelle Zoé comme ces nouveaux moteurs, mais également les Adass (systèmes d'assistance de conduite) ont impliqué une révision complète de l'infrastructure électronique de la voiture. Sans parler du nouveau système de connectivité et des nouveaux écrans. Autre exemple, "les nouvelles batteries ont fait prendre 45 kilogrammes à la voiture, il a fallu modifier tout le bilan de freinage et tout ce que cela implique dans l'analyse des chocs latéraux, etc...", explique Gilles Normand. "Nous avons ajouté de la valeur ajoutée à la Zoé et dans un contexte concurrentiel, nous nous sommes dotés des bonnes armes pour nous défendre et être offensifs", assène-t-il.
Le marché de l'électromobilité est effectivement en forte croissance en Europe. Depuis le début de l'année, les ventes ont augmenté de 41% en France d'après les chiffres de l'Avere. Zoé, redevenu numéro un en Europe en avril et mai avec 18% de parts de marché, doit prendre en compte l'arrivée sur le marché d'une nuée de concurrents comme la 208, mais également toute une offensive côté Volkswagen. Gilles Normand estime que l'évolution du marché va permettre à la Zoé d'entrer dans une autre dimension: "nous arrivons vers des niveaux de production qui commencent à devenir raisonnable dans les standards de rendements de l'industrie automobile", s'est-il réjoui. Autre poste de compétitivité : le choix de conserver l'essentiel du châssis et de la carrosserie permet à Renault de faire d'importantes économies en termes de développement mais également sur les process industriels. La Zoé devrait donc garder un véritable avantage compétitif grâce à cette silhouette largement amortie.
Un axe stratégique majeur pour Renault
L'électromobilité reste un axe stratégique primordial pour Renault qui se revendique, à raison, pionnier, en coopération avec son allié Nissan. Le groupe français a annoncé un investissement d'un milliard d'euros pour confirmer la France comme un pôle d'excellence de l'électromobilité au sein de l'Alliance. Ainsi, le site de Cléon va multiplier par trois la production de moteurs électriques, celui de Douai va être équipé de la plateforme CMF-EV qui va lui permettre de produire des voitures 100% électrique, l'usine de Flins va voir ses capacités de production de la Zoé doublée et tandis que Maubeuge se verra assigné la Kangoo ZE (zéro émission).
Renault prévoit une gamme de huit voitures 100% électrique d'ici 2022 et vise 10% des ventes totales de la marques à travers cette gamme. En ajoutant toute la gamme de voitures électrifiées (comme la nouvelle Clio qui sera disponible en version hybride), Renault veut doter la moitié de son catalogue d'une version électrifiée. Dans cette optique, il n'y a aucun doute sur le fait que Zoé restera le porte-drapeau de Renault en matière d'électromobilité. Renault espère reproduire ce succès d'image (voiture référence, iconique) en Chine avec le K-ZE, une petite voiture 100% électrique. Mais sur le premier marché des voitures électriques du monde, la guerre est d'ores et déjà bien plus importante, et Renault ne peut jouir de l'image de précurseur.
Nabil Bourassi4 mn
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