Après avoir ouvert ses panneaux solaires, le télescope spatial James Webb vient de dépasser la Lune
MISE A JOUR. Le miroir doré et alvéolé du James Webb a commencé à être déployé le 7 janvier 2022. C'est le plus gros jamais ouvert dans l'espace.
Depuis son lancement par la fusée Ariane 5 le jour de Noël, le télescope spatial James Webb poursuit sa trajectoire impeccable. Il a franchi dans la nuit du 27 ou 28 décembre 2021 l’orbite de la Lune et se trouve désormais à près de 500.000 km de la Terre. Au fil de sa progression, l’instrument se déploie et affine sa trajectoire, en autant d’étapes décisives.
Un mélange d’hydrazine et de peroxyde d'azote
La première, 33 minutes après sa séparation d’avec le lanceur, a consisté à ouvrir les panneaux solaires de 6 m de long, pour une puissance de 2000W. Sitôt le déploiement effectué, les opérateurs au sol ont constaté que la batterie du télescope se remplissait, preuve qu’il est désormais doté d’une source d’énergie autonome.
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12h30 après le lancement, le télescope a effectué une première correction de trajectoire, indispensable pour ne pas rater sa mise en place au point de Lagrange malgré la remarquable impulsion donnée par la fusée Ariane 5. Le télescope ne pouvant pas se retourner afin de freiner, le lanceur ne lui a en effet pas tout à fait communiqué la vitesse nécessaire pour arriver à destination. Le JWST a donc mis en route son propre réacteur, le SCAT (Secondary Combustion Augmented Thrusters) fonctionnant avec un mélange d’hydrazine et de peroxyde d’azote, afin d’accroître sa vitesse et corriger légèrement son cap. Cette séquence a duré 65 minutes et s’est parfaitement déroulée.
24 h après le lancement, il a déployé l’antenne grand gain de 60 cm de diamètre. Elle sera utilisée pour transmettre 28,6 Gbytes (28 Gigaoctets) de données scientifiques vers la Terre, deux fois par jour. Là encore tout s’est bien passé et les opérateurs ont pu vérifier que l’antenne fonctionnait correctement.
60 h après le lancement - c'est-à-dire dans la nuit du lundi 27 au mardi 28 décembre -, une deuxième correction de trajectoire a eu lieu. Cette fois l’allumage du réacteur n’a duré que 9 minutes et 27 secondes. L’étape suivante, qui devrait intervenir dans les prochaines heures, consistera à commencer le déploiement du pare-soleil. Cette opération se déroulera elle-même en plusieurs séquences, tant cette infrastructure de 150 m² est imposante et cruciale pour le télescope.
"Couverture de survie"
"Le pare-soleil est constitué de 5 couches de polymères métalliques qui réfléchiront les rayonnements extérieurs. Elles seront séparées par du vide conduisant très peu la chaleur, explique Pierre Olivier Lagage, astrophysicien au CEA à Orsay à l'occasion de notre dossier paru dans le n°898 de Sciences et Avenir.Elles se comporteront un peu comme des couvertures de survie qui maintiendront la machine dans le noir et le froid de l'espace." Une condition en effet indispensable pour que les instruments d’observation dans l’infrarouge puissent fonctionner. Le « télescope du siècle » nous réserve encore bien du suspens...